Rebond en trompe l'oeil des commandes de biens durables américaines

Les commandes de biens durables ont enregistré le mois dernier un bond de 7,8%, du jamais vu depuis six ans. Mais ce phénomène est entièrement imputable aux commandes d'avions civils, très volatiles. En dehors de cet élément, les chiffres confirment le scénario de l'atterrissage en douceur de l'économie.

La hausse est à première vue spectaculaire: les commandes de biens durables ont enregistré un bond de 7,8% aux Etats-Unis en septembre par rapport au mois précédent. Mais ce chiffre impressionnant doit être relativisé: il résulte entièrement des commandes d'avions de ligne. Abstraction faite de cet élément, les commandes de biens durables n'ont augmenté que de... 0,1%.

La hausse de septembre est certes la plus forte enregistrée depuis 2000. A +7,8%, le bond des commandes dépasse de très loin les attentes des analystes, qui anticipaient selon Bloomberg une progression de 2%. Au mois d'août, l'indicateur avait reculé de 0,1%. Mais il ne faut pas pour autant en conclure que l'économie américaine repart de plus belle: c'est bien les commandes d'avions civils qui sont à l'origine de cette performance hors norme. Ces commandes ont en effet bondi le mois dernier de 183% sur un mois. Mais il s'agit là bien sûr d'un chiffre très fluctuant: en août, les commandes d'avions avaient chuté de 20%. La performance de septembre est en tout cas à porter au crédit de Boeing: l'avionneur américain a annoncé 175 commandes le mois dernier, contre 30 en août.

Quand on exclut cette donnée éminemment variable, le portrait de l'activité américaine n'est plus du tout le même. Hors avions, les commandes de biens durables n'ont augmenté que de 0,1% en septembre. Ce qui est malgré tout mieux que le mois précédent, où elles avaient reculé de 1,5%. Mais les économistes attendaient pour leur part des commandes hors équipement de transport en hausse de 1% le mois dernier.

Globalement, les chiffres publiés aujourd'hui par le Département du Commerce sont donc plutôt cohérents avec l'image qui se dessine depuis quelque temps d'une économie américaine en phase d'atterrissage en douceur. Ce que la Réserve fédérale traduit par son expression fétiche d'économie "qui croît à un rythme modéré". Une vision de l'économie qui exclut toute perspective de baisse des taux de la Réserve fédérale. Celle-ci a laissé inchangé hier son taux de référence, à 5,25% (voir ci-contre).

Un aperçu beaucoup plus précis de la santé actuelle de l'activité économique américaine sera fourni demain avec la première estimation de la croissance des Etats-Unis au troisième trimestre. Selon les économistes, celle-ci pourrait s'élever à 2% contre 4,1% sur la première moitié de l'année: une bonne définition de l' "atterrissage en douceur".

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