La réforme du Fonds monétaire international adoptée à 90% des votants

Cette modification des statuts va renforcer le poids de la Chine, de la Corée du Sud, de la Turquie et du Mexique dans l'organisation internationale. Mais le processus en cours suscite l'hostilité de pays émergents de premier plan, comme l'Inde et l'essentiel de l'Amérique latine.

La réforme du Fonds monétaire international est lancée, mais non sans douleur: l'assemblée annuelle du FMI a approuvé aujourd'hui à Singapour une augmentation des droits de vote de plusieurs grands pays émergents, dont la Chine. Mais différents pays du Tiers-Monde, dont l'Inde et une bonne partie de l'Amérique latine, ont manifesté leur désaccord envers les évolutions envisagées.

C'est une très confortable majorité de 90,6% des voix qui a approuvé aujourd'hui la première étape de la réforme du FMI. Les dispositions votées ce jour vont permettre d'oeuvrer - légèrement - à un rééquilibrage des droits de vote dont disposent les pays membres au sein de l'organisation internationale. Traditionnellement, la répartition des pouvoirs dans le FMI surévalue fortement le poids des anciens pays industrialisés. C'est ainsi que la Belgique dispose de davantage de droits de vote que l'Inde...

Selon le projet adopté aujourd'hui, plusieurs pays émergents de premier plan - ou récemment industrialisés - vont voir leurs droits de vote augmenter: il s'agit de la Chine, de la Corée du Sud, de la Turquie et du Mexique. Mais cette évolution demeure modeste: leurs quotes-parts n'augmenteront collectivement que de 1,8%.

D'où la nécessité de prévoir une deuxième étape dans la redistribution des droits de vote, à l'horizon 2008. Mais les perspectives d'évolution ne font pas l'unanimité, loin de là. L'Amérique latine, par exemple, redoute que le processus engagé ne favorise outrageusement les pays en développement accéléré d'Asie, à son détriment. De même, l'Inde estime que les réformes votées ce matin et envisagées ne lui font pas justice.

Résultat: même si les opposants à la réforme adoptée ce matin n'ont pas fait masse, ils n'en représentent pas moins une minorité très significative. Les 23 pays qui ont voté contre le projet aujourd'hui comprennent en effet un poids lourd de premier plan, l'Inde, une bonne partie des pays sud-américains (Argentine, Bolivie, Chili, Colombie, Equateur, Paraguay, Pérou, Uruguay, Venezuela, sans oublier le géant régional qu'est le Brésil) ainsi que des pays émergents importants comme l'Egypte ou l'Iran.

Autant dire que la poursuite du processus de réforme ne sera pas une partie de plaisir. Les principes mêmes du mode de calcul retenu pour donner à chaque pays son poids dans le FMI doivent être revus, mais les avis divergent profondément sur les critères à retenir. Et tout le monde craint d'être perdant dans l'affaire: les petits pays industrialisés redoutent de voir leur influence disparaître, tandis que les grands pays émergents craignent tous que la réforme n'avantage leurs homologues d'autres régions du monde.

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