La rentrée des cracks

Septembre frappe déjà à la porte, la saison des comptes semestriels se profile et les agendas se garnissent au pas de course: les stars de la Bourse de Paris se préparent à effectuer leur grande rentrée, dès cette semaine pour certaines. Les plus précoces ont rendu leur carnet de notes dès juillet: près d'une vingtaine de membres du CAC, dont les bancaires, Danone, Publicis ou Alcatel, a ainsi déjà bouclé leurs devoirs de vacances moins d'un mois après la clôture du 30 juin, rejoignant la classe des cracks du reporting en Europe. Parmi les plus pressées de rentrer, M6 va faire plancher les analystes sur ses comptes du semestre dès ce soir. Ces mêmes experts se retrouveront le lendemain penchés sur les résultats de sa rivale TF1. Fini de jouer pour les deux chaînes de télé, voici venue l'heure de vérité. Les lourds investissements opérés pour diffuser les matches de la Coupe du monde de football ont effacé d'un coup de gomme une bonne partie des rentrées supplémentaires engrangées. Les analystes ont déjà fait le calcul: l'addition de 40 millions d'euros de surcoûts pour M6 et de 80 millions environ pour TF1 devrait conduire, en bas du tableau, à des résultats en baisse de l'ordre de 20%... Même motif, même punition! Le marché saura oublier ce bulletin mitigé si les deux soeurs ennemies du PAF excellent dans leur matière clé, la publicité, et dévoilent un carnet bien garni de réservations des annonceurs... Au sein du CAC 40, en attendant les PPR, LVMH, Vivendi et autres Suez, deux des lauréats de l'indice depuis le début de l'année ouvriront le défilé des exposés de rentrée. EDF, qui dispute à Alstom le titre de premier de la classe (+40% depuis janvier), passera au tableau vendredi, précédé la veille par L'Oréal, dont le cours s'est apprécié de 24%, trois fois mieux que la moyenne du CAC... Jean-Paul Agon, le meilleur élève désigné par Lindsay Owen-Jones pour lui succéder à la tête de L'Oréal, collectionne les bons points auprès de la communauté financière depuis son arrivée. Mais quelle que soit la beauté des déliés, la tenue irréprochable du cahier et la bonne facture des résultats présentés, ce pourrait bien être la fin de la récré. Le numéro un des cosmétiques dans le monde est menacé d'être expulsé d'un cercle prestigieux, le club des 50 premières valeurs européennes. Le renvoi pourrait être annoncé dans les jours qui viennent, lors de la révision annuelle des indices Stoxx. La multinationale de la beauté pourrait payer son obsession de l'excellence et son culte de la fameuse "progression à deux chiffres" des résultats imposée comme ligne de conduite depuis vingt ans: les rachats d'actions, multipliés pour soutenir la performance du bénéfice par action, ont mécaniquement réduit le capital flottant déjà limité du groupe aux deux grands actionnaires de référence (Nestlé et la famille Bettencourt). Faute d'un flottant suffisant, L'Oréal serait donc retiré du portefeuille des gérants alignés sur le Stoxx 50. Même pour les cracks, les félicitations du jury ne sont jamais assurées...
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