Henri Lachmann propose de créer une grande Bourse européenne

Pour Henri Lachmann, président du conseil de surveillance de Schneider Electric, cela ne fait plus aucun doute: à l'occasion de la présentation de son rapport sur la consolidation des places boursières commandé par Europlace, il a estimé qu'il fallait favoriser la création d'une grande place boursière européenne, et non livrer Euronext aux Etats-Unis. Expliquant que le rapprochement "entre égaux" annoncé entre le Nyse et Euronext n'est au final qu'une acquisition de la Bourse européenne par l'Américain, il estime sans équivoque qu'une telle opération n'est pas souhaitable et n'est pas dans l'intérêt d'Euronext, qui perdrait de fait son indépendance."Cette acquisition est plus favorable au Nyse qu'à Euronext", explique Henri Lachmann. "Ce projet, en l'état, apporte certes des opportunités de développement pour Euronext, mais ce dernier n'a pas besoin du Nyse pour poursuivre son développement", ajoute-t-il.S'il est donc favorable à la création d'un géant européen de la Bourse, qui aurait plus de poids pour négocier avec les géants américains, Henri Lachmann explique toutefois qu'un rapprochement total des Bourses Euronext et Deutsche Börse ne serait pas plus positif. Henri Lachmann considère en effet qu'une fusion entre Euronext et la Deutsche Börse apporterait de nombreux problèmes de réalisation, notamment en raison de la forte rivalité qui existe entre les deux places européennes, des différences d'organisation de la gouvernance, mais aussi au niveau informatique et de la concurrence. "On va à l'échec si on rapproche la totalité de la Deutsche Börse d'Euronext", lance-t-il.Du coup, pour Henri Lachmann, il est nécessaire de trouver un compromis pour créer un nouveau champion européen de la Bourse. "Il existe un scénario qui nous parait le plus favorable à Deutsche Börse, à l'Europe et qui reste compatible avec la mise en place d'une alliance avec les Etats-Unis", lance-t-il. Pour lui, il s'agit de proposer à Deutsche Börse d'apporter ses actifs de négoces d'actions contre une participation dans Euronext. "Cela permettra la fusion des marchés, accroîtra la liquidité, et offrira de nombreuses synergies", d'autant que l'Italie pourrait se joindre à un tel projet, explique Henri Lachmann. "C'est une opération gagnante-gagnante, Deutsche Börse garderait 85% de ses activités, et toucherait de 15 à 20% d'Euronext", ajoute le président qui précise que cette solution aurait aussi pour avantage de renforcer l'actionnariat d'Euronext.Pour sa part, Euronext a dit accueillir positivement l'option proposée par Henri Lachmann, mais elle ne renonce pas à son projet de rapprochement avec le Nyse. "Euronext accueille favorablement la principale recommandation faite par Henri Lachmann qui est l'apport par Deutsche Börse de son activité cash à Euronext en échange d'actions", a ainsi déclaré Antoinette Darpy, porte-parole du groupe boursier, citée par l'AFP. "Cette solution répondrait aux attentes des utilisateurs qui sont de séparer les activités post marché des activités de négociation", a-t-elle ajouté. Mais Euronext n'entend pas pour autant abandonner son projet de fusion avec le New York Stock Exchange: "cette solution est complémentaire au projet de fusion avec le Nyse et pourrait se réaliser en parallèle", a en effet ajouté la porte-parole du groupe. Enfin, elle a indiqué que "la Bourse italienne est également la bienvenue si elle souhaite rejoindre le nouvel ensemble", avant de conclure: "la solution proposée par Henri Lachmann aurait également l'avantage de poursuivre la construction d'un grand marché transatlantique s'appuyant sur les principaux marchés d'actions de la zone euro". De son côté Deutsche Börse a également exprimé sa satisfaction vis-à-vis des propositions du président de Schneider. "Deutsche Börse salue la préférence pour une intégration paneuropéenne sous direction européenne telle qu'elle est exprimée dans le rapport Lachmann, ainsi que la conclusion qu'une fusion transatlantique n'est pas dans l'intérêt du marché européen", explique le groupe. Côté New York Stock Exchange, enfin, John Thain, son patron, s'est déclaré ouvert à l'idée d'intégrer l'activité cash de Deutsche Börse au future ensemble Nyse-Euronext. En revanche, l'autre suggestion du rapport Lachmann, celle d'un abandon de la fusion Euronext-Nyse, l'emballe moins... Selon lui, en effet, ce rapport ne changera pas le calendrier du rapprochement.Un projet parallèle proposé par MilanLa Bourse de Milan est sur le point de présenter un plan de consolidation à trois avec la Deutsche Börse et Euronext. Un communiqué est attendu cette semaine sur ce projet parallèle, qui vient enrichir un peu plus le débat sur la consolidation des places boursières...
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