François Pinault a pris 5% de Vinci

L'homme d'affaires fait irruption dans le BTP en prenant à la surprise générale 5% du capital du groupe français, numéro un mondial du BTP et des concessions.

Coup de tonnerre dans le BTP. Comme l'a révélé jeudi la Tribune sur son site Internet, François Pinault, via sa holding Artémis, vient de prendre pour 1,1 milliard d'euros, financé sur le bilan d'Artémis, en partie en dettes, en partie en fonds propres, 5% du capital et 5,23% des droits de vote de Vinci, le numéro un mondial du BTP et des concessions.

Artémis, qui a constitué sa position sur plusieurs semaines et informé l'AMF, l'Autorité des marchés financiers ce jeudi après-midi, détient désormais 11.946.000 titres Vinci.

Le financier, dont on attend toujours de savoir s'il va finalement lancer ou non une offre sur Suez (qui peine à boucler son mariage avec Gaz de France), a trouvé un nouveau cheval de bataille.

L'entourage de François Pinault présente l'offre comme "plutôt amicale". Il indique que les activités de concessions autoroutières offrent une forte visibilité et une forte récurrence et rappelle bien connaître le secteur de la construction dans la mesure où Artémis est actionnaire de Bouygues avec 2,09% du capital.

Reste que François Pinault a la réputation d'un raider. Interrogée à propos d'une éventuelle montée au capital, Artémis indique à la Tribune "ne rien exclure. On verra, on peut monter au capital, nous sommes prêts à parler avec les dirigeants" . Avant d'expliquer que François Pinault cherche clairement à jouer une éventuelle consolidation dans le secteur "initiée par Vinci, ou initiée par d'autres". "C'est une façon de mettre le pied et de voir comment les choses peuvent bouger", concluait-elle.

Certains banquiers s'étonnaient de cette irruption alors que le titre Vinci, cotait hier soir à la cloture 98,60 euros. L'action avait atteint un plus haut le 15 décembre à 100,5 euros. "C'est peut-être une offensive à la Albert Frère, sauf que lorsque le milliardaire belge est entré au capital de Lafarge début 2006, le titre Lafarge était clairement sous-valorisé", note un banquier de la place.

"Le sujet est de savoir si François Pinault cherche simplement à faire un placement financier, ce qu'il aurait affirmé hier à la direction générale de Vinci ou s'il a en vue d'éventuels mariages plus stratégiques", s'interroge Charles-Edouard Boissy, analyste senior financier spécialiste des infrastructures chez Oddo securities. "Toutefois, rien ne dit que l'industriel souhaite prendre le contrôle de Vinci. Il a eu en son temps 8% de Bouygues et n'est pas allé plus loin, et est même partiellement ressorti. Vinci a beau avoir un capital éclaté, et être techniquement opéable, ce n'en est pas moins un morceau difficile à avaler. 40 milliards d'euros de valeur d'entreprise, même François Pinault ne peut pas faire cela tout seul, si tant est qu'il le souhaite".

Cette prise de participation reflète en tout état de cause la vulnérabilité de Vinci dont le capital est éclaté et dont le conseil d'administration n'a toujours pas été recomposé, depuis la crise au sommet de juin dernier qui s'était soldée par la démission de l'ancien PDG Antoine Zacharias.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.