La Russie fait pression sur EADS

Moscou conditionne l'augmentation de sa participation à un accord sur la production en commun d'avions de nouvelle génération. Et laisse entendre qu'elle pourrait se retirer du capital faute d'accord.

Le bâton et la carotte. Ce matin, Moscou a soufflé le chaud et le froid sur la maison mère d'Airbus. Un conseiller du Kremlin a indiqué que la Russie ne voyait pas l'intérêt de conserver sa participation dans EADS si aucun accord sur la production en commun d'avions de nouvelle génération n'était trouvé. "S'il y a un partenariat entre EADS et UAC sur la production en commun d'avions, alors il est logique d'être actionnaire. S'il n'y a pas de partenariat, il n'y a pas d'intérêt à conserver cette participation", a ainsi déclaré à la presse Arkadi Dvorkovitch, chef du département d'expertises de la présidence russe.

Mais, en cas d'accord, ce dernier a évoqué une possible montée dans le capital du consortium européen. Mieux, les Européens pourraient alors entrer dans la holding aéronautique russe United Aviation Corporation (UAC), avec laquelle EADS négocie la production commune d'avions. "On pourra parler d'augmentation de la part seulement si UAC se met d'accord avec EADS pour construire des avions en commun", a poursuivi le principal conseiller économique du président Poutine, s'exprimant lors de l'assemblée annuelle de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) qui se tient à Kazan, dans le sud de la Russie.

Afin de partager les coûts de développement du futur A 350, EADS et UAC ont annoncé en mars dernier leur intention de coopérer sur la production des carlingues de l'avion long-courrier, les industries russes devenant du coup "partenaires à risques". D'autres accords avaient également été signés, concernant notamment la transformation d'Airbus A 320 de transport de passagers en appareils cargo et l'acquisition par l'Aeroflot de vingt-deux A 350.

Il semble cependant qu'à ce jour, rien n'ait vraiment avancé. "Nous visons un partenariat avec des constructeurs internationaux, mais ne recevons pas d'échos en retour, à part des problèmes et des frayeurs", a regretté Arkadi Dvorkovitch, faisant allusion aux inquiétudes de l'Europe. De fait, les Européens voient d'un mauvais oeil la montée en puissance des Russes dans EADS, depuis leur entrée au capital, en septembre 2006.

La banque russe VTB avait alors profité d'une crise au sein d'EADS, après l'annonce de nouveaux retards dans le programme de l'A380, pour rafler 5% du capital d'EADS. A l'époque, les autorités russes n'avaient pas caché leurs visées sur le groupe européen : avoir à terme une participation leur permettant d'obtenir "au moins" une minorité de blocage mais surtout, et plus vraisemblablement, d'avoir accès aux technologies européennes et pousser les Européens à investir dans l'industrie aéronautique russe.

Ce lundi, VTB a indiqué qu'elle n'envisageait pas d'augmenter la part de 5% qu'elle détient dans le groupe aéronautique. "VTB ne planifie pas d'accomplir des investissements supplémentaires dans EADS", a déclaré la banque dans un communiqué. "Le groupe bancaire considère cet investissement (les 5% dans EADS, ndlr) exclusivement comme un placement financier", a indiqué Vassiliï Titov, vice-président de la banque, cité dans le communiqué.

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