L'Allemagne veut-elle pouvoir polluer en paix ?

Le président de la Fédération de l'industrie allemande (BDI) estime qu'en matière d'environnement, des objectifs trop ambitieux en la matière seraient dangereux pour l'emploi. Le patron d'Audi veut lui aussi des objectifs par cylindrées afin de ne pas pénaliser les grosses voitures allemandes.

Posée comme cela, la question peut paraître provocante. Mais les dernières déclarations en ce sens des responsables économiques allemands ont de quoi interpeller les partisans de la défense de l'environnement et ceux qui pesent qu'il faut agir au plus vite pour que la planète ne soit pas définitivement saccagé par l'activité humaine.

Ainsi, le président de la Fédération de l'industrie allemande (BDI), Jürgen Thumann, lance dans l'hebdomadaire Wirtschaftswoche : "l'industrie allemande est prête à contribuer à la réduction des gaz à effet de serre, mais des objectifs trop ambitieux en la matière seraient dangereux pour l'emploi. Nous ne pouvons pas sauver le monde à nous tout seuls. Notre industrie, leader en terme d'efficience énergétique, ne doit pas être surchargée par des objectifs trop ambitieux".

"L'économie allemande sera prête à coopérer avec le gouvernement (allemand) et l'Union européenne en ce qui concerne les objectifs actuels: une réduction de 20% des émissions de CO2, dans la perspective d'atteindre 30%", précise le patron de la BDI.

Mais, interrogé sur la possibilité que l'objectif de réduction des émissions soit porté à 40%, il répond que "de tels objectifs sont très onéreux, ils mettent en danger la compétitivité de pans entiers de notre économie, et donc des emplois. Déjà, avec les objectifs actuels, nous devons empêcher que des secteurs gourmands en énergie, comme la sidérurgie, supportent seuls les coûts, et soient défavorisés face aux concurrents étrangers".

Même son de cloche du côté des constructeurs automobiles allemands qui se battent pied à pied à Bruxelles pour que les objectifs européens en matière de rejet de CO2 par les automobiles tiennent compte des cylindrées... et donc préservent les grosses voitures allemandes, BMW, Mercedès, Porsche...et Audi dont le patron Rupert Stadler confie au Berliner Zeitung : "nous voulons des conditions justes. C'est la raison pour laquelle nous avons besoin de seuils de dioxyde de carbone adaptés à chaque catégorie de véhicules".

"Si nous voulons vraiment avancer en matière de protection climatique, chaque constructeur doit contribuer à la baisse de consommation (d'essence) et de gaz d'échappement y compris les Français et les Italiens qui construisent principalement des petites voitures" et en grand nombre souligne-t-il.

Le 12 septembre, les constructeurs automobiles européens ont apporté leur appui à l'objectif de la Commission européenne de limiter les émissions de CO2 des véhicules à 120 g de CO2/km en moyenne, mais ont prévenu qu'il faudrait "suffisamment de temps" pour le mettre en oeuvre.

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