A Paris, jour de grève, le vélo est roi

Le mouvement social dans les transports oblige à tenter de nouvelles solutions de déplacements pour éviter la galère. Avec le lancement du Vélib cet été, le vélo fait un retour en force sur la chaussée parisienne, d'autant plus les jours de grève. Location ou achat, le commerce des bicyclettes fait le plein.

Alors que les syndicats se préparent à lancer un mouvement de grève dans les transports dès ce mardi soir, les Français prennent eux aussi leurs dispositions. Pour ceux qui n'auront pas la chance de pouvoir poser un jour de RTT, la question de se déplacer reste entière quand tous les transports publics, SNCF et RATP notamment, seront paralysés, probablement durant plusieurs jours. A l'image du dernier mouvement du 18 octobre, où les vélos avaient fleuri dans Paris, la bicyclette s'annonce donc comme la grande star de ces prochains jours.

En vedette déjà le mois dernier, les Vélib s'apprêtent à être pris d'assaut, quitte à être victimes de leur succès et à déclencher une pénurie. Après avoir battu un record le 18 octobre avec 135.000 locations, JC Decaux, qui gère le réseau parisien, se prépare. Le groupe de mobilier urbain assure que 300 personnes de la maintenance "seront sur le terrain" pour dépanner ou prendre en charge les vélos dans une quinzaine de stations si celles-ci sont complètes.

Néanmoins, les voyageurs qui auront couru après un Vélib lors de la dernière grève pourront aussi se retourner vers les locations privées, elles aussi prises d'assaut mais en moindre proportion. Si chez "Allo Vélo" dans le 10ème arrondissement de Paris, "tout est réservé depuis plusieurs jours", au bien nommé "Paris à vélo c'est sympa", le constat est moins encourageant. Velib est passé par là.

"Durant les grèves de 1995, les chiffres atteignaient 130 locations par jour, aujourd'hui c'est une petite dizaine de locations", confie le directeur de la boutique, qui parie sur les "naïfs" du Vélib en rade mercredi pour louer en plus grand nombre. Dans les deux boutiques toutefois, le pessimisme des clients est de rigueur quant à la durée du mouvement. La plupart ont réservé pour une semaine.

Enfin, pour ceux réellement décidés à se déplacer en vélo, ils pourraient être tentés de passer un nouveau cap: acheter sa propre bicyclette. Déjà, ce week-end, en région parisienne, le distributeur sportif Décathlon assure avoir enregistré "deux fois plus de ventes de vélos qu'un week-end ordinaire", selon Philippe Dourcy, responsable de la communication de l'entreprise.

Et ce mardi, à quelques heures des perturbations, la ruée se confirme. Au magasin de l'enseigne à la Madeleine, les vendeurs du rayon vélos ne chôment pas. Les ventes atteignent le double de l'ordinaire, voire sont multipliées par trois. Là aussi un gros effort de logistique a été prévu par anticipation. "On fonctionne en flux tendu, confie un des responsables du rayon. Même si on n'avait prévu, cela a dépassé toutes nos attentes."

Dans un des magasins parisiens de l'autre grand distributeur sportif Go Sport, c'est le même phénomène. "La grève a "boosté" les ventes de l'ordre de 50% aujourd'hui par rapport à une journée normale", assure-t-on dans le rayon vélos. Les réparations pour les déjà propriétaires de vélos vont également bon train, avec un impératif: que la bicyclette soit opérationnelle pour mercredi.

Et les clients sont de tous ordres. Il y a ceux qui avaient déjà dans l'idée de s'acheter un vélo et qui ont simplement avancé leur achat. Pour les autres, le vélo reste souvent un accessoire de la grève, qui nécessitent tout de même un investissement d'au moins 100 euros, quitte à le remiser au placard ensuite.

Mais les distributeurs de bicyclettes se félicitent d'ores et déjà. Car, outre la grève, c'est un véritable phénomène de fond qui s'est enclenché avec le lancement du Vélib. "On assiste à un véritable engouement autour du vélo", assure-t-on chez Décathlon. "Le vélo est devenu très présent dans l'esprit des Parisiens comme moyen de location, même pour des gens peu sportifs ou à talons", s'enthousiasme un des vendeurs. "C'était inenvisageable il y a peu de temps".

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