La Marine attend sereinement les derniers arbitrages sur le second porte-avions

Dans une interview à l'AFP, l'amiral Oudot de Dainville, chef d'état-major de la Marine, plaide pour le second porte-avions français. Dans les milieux maritimes, on estime que le lancement officiel de ce programme majeur est imminent.

Le second porte-avions? "C'est un choix stratégique. Face à la mondialisation, l'espace est le domaine de l'information et les océans celui des flux commerciaux. Pour assurer la sécurité de ces flux, devenus vitaux pour nos économies, il faut une maîtrise des mers dont le porte-avions est l'un des éléments clefs avec les sous-marins", estime l'amiral Alain Oudot de Dainville, chef d'état-major de la marine, dans une interview, ce jeudi, à l'AFP. "L'ensemble permet d'asseoir la crédibilité d'une marine. Tous ces arguments plaident en faveur de la permanence du groupe aéronaval (porte-avions et escorte de surface et sous-marine, NDLR) sur mer. Une réflexion stratégique est en cours. Elle conduira à une définition des besoins."

Visiblement, la Royale semble désormais persuadée que plus rien n'entravera le lancement officiel et imminent du second porte-avions français, qui devrait se faire dans le cadre d'une coopération inédite avec les Britanniques et dont le coût est estimé entre 2 et 3 milliards d'euros. La campagne électorale pour l'élection présidentielle est désormais passée, qui avait apporté son lot d'inquiétudes sur l'avenir de ce bâtiment "de souveraineté" dont l'existence est jugée "indispensable" par tous les experts maritimes, compte tenu des périodes d'indisponibilité du Charles-de-Gaulle et des contraintes de présence permanente à la mer.

Peu avant de quitter l'Elysée, Jacques Chirac avait, lui aussi, jugé "indispensable" la construction d'un tel bâtiment de projection de forces. Pour sa part, Ségolène Royal, candidate du PS, avait dans un premier temps évoqué de supprimer ce programme pour privilégier le financement d'écoles, avant de se rétracter. De son côté, Nicolas Sarkozy s'était plutôt prononcé pour ce programme majeur, mais des doutes subsistaient dans l'esprit de certains.

"Quel est le chef d'Etat responsable qui prendrait la responsabilité de stopper un tel programme?", entend-t-on de source proche du haut commandement de la Marine. Et les inquiétudes qui perduraient quant à un tropisme affirmé du nouveau chef de l'Etat pour les forces de police au détriment des militaires semblent s'estomper: "le fait de posséder un porte-avions donne une dimension particulière à une nation. Le président de la république va l'éprouver au G8. Et il va en revenir encore plus persuadé de l'utilité d'un second porte-avions", laisse entendre un officier supérieur.

L'amiral Oudot de Dainville ne dit pas autre chose à l'AFP: "Henry Kissinger a écrit 'dans toutes les crises dont j'ai eu à m'occuper, le porte-avions s'est révélé presque invariablement décisif'. Cette réflexion est toujours d'actualité et n'a jamais été démentie." Mais au-delà, poursuit le chef d'état-major, "le second porte-avions, projet franco-britannique, peut être un élément clef d'une restructuration industrielle de l'Europe navale. Son utilisation dans des coalitions européennes peut parfaitement s'envisager aussi. C'est le sens de l'évolution de l'Europe de la Défense."

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