Rio Tinto va céder de nouvelles activités d'Alcan en France

Outre la branche Emballages, dont la vente a été décidée lors du rachat d'Alcan par Rio Tinto en 2003, le géant minier australien a annoncé ce lundi la cession de la branche de produits usinés. Les cessions d'Alcan en France pourraient ainsi concerner plus de 10.000 personnes, malgré les engagements de Rio Tinto auprès des salariés et du gouvernement sur le maintien de l'emploi des anciens de Pechiney.

Les promesses de Rio Tinto aux salariés de l'ancien Pechiney, devenu il y a quatre ans Alcan, auront fait long feu. Le groupe minier australien, qui vient lui même de racheter le groupe canadien, a annoncé ce lundi de nouvelles cessions d'actifs, en particulier la branche Produits usinés d'Alcan, alors qu'il est devenu à son tour la proie de son rival BHP Billiton.

En plus de la division Emballages (31.000 salariés dans le monde, 5.000 en France) qu'Alcan avait déjà décidé de vendre avant son rachat, le nouveau groupe fusionné a annoncé la vente de la branche Produits usinés qui emploie 15.000 personnes dans le monde, dont 5.000 rien qu'en France.

Le président de Rio Tinto, Paul Skinner, s'était pourtant engagé début octobre à ne pas céder cette branche d'activité d'Alcan. Il avait ainsi assuré après une rencontre avec la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, de son "engagement solide et de long terme envers la France, qui offre un environnement attractif pour investir et faire des affaires".

Ces nouvelles cessions réduisent pourtant l'ex-Pechiney à une peau de chagrin, en frappant près de quarante sites en France, dont Issoire (Puy-de-Dôme), Albertville (Savoie), Neuf-Brisach (Haut-Rhin), Tarascon-sur-Ariège (Ariège), ou encore Voreppe (Isère)... Seules les activités entrant dans la fabrication brute d'aluminium resteront dans le giron de Rio Tinto Alcan qui a décidé de se concentrer sur la production de la matière première.

Des promesses non tenues - le rachat de Pechiney par Alcan, au terme d'un feuilleton de six mois ponctué par l'opposition des syndicats, deux surenchères et l'accord du gouvernement français avaient permis d'obtenir des garanties sur l'emploi - créent aujourd'hui l'amertume chez les syndicats.

"Notre sentiment, c'est l'écoeurement, pas la surprise. Nous avions bien compris que Rio Tinto n'avait pas l'intention de travailler dans la transformation" de l'aluminium, a réagi, amer, Claude Verdier, délégué CGT du groupe. "On a pillé toute la technologie de Pechiney pour rien", s'est-il indigné. "Les conséquences sur l'emploi ne vont pas tarder. Nous avons énormément de craintes car l'activité Produits usinés est très morcelée avec de petites unités et des risques de délocalisation à l'ordre du jour", a-t-il estimé.

La CFDT s'est elle aussi inquiétée des conséquences sur l'emploi. Le syndicat estime que les nouvelles cessions décidées par Rio Tinto font "apparaître des risques sur le maintien des activités recherches et développement et des centres de compétences européen de l'aluminium".

"C'est un fleuron industriel français qui s'en va complètement en lambeaux depuis l'OPA d'Alcan en 2003. En 2008, il n'en restera quasiment rien", a renchéri de son côté Francis Orosco, de la CFTC. "Une fois de plus, des salariés vont être touchés par l'enrichissement des actionnaires" et "nous n'avons aucun moyen d'empêcher cela", a-t-il poursuivi, s'interrogeant sur "le pouvoir du gouvernement" qui a donné son accord début octobre au rapprochement de Rio Tinto et d'Alcan.

Le gouverment promet pour sa part de suivre "avec une extrême vigilance ce dossier dans les mois à venir". La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a rappelé notamment que "Rio Tinto a pris, à l'égard du gouvernement français, le 4 octobre dernier, des engagements précis quant à la pérennité de l'activité de recherche et développement, et la sécurité d'approvisionnement des industries aéronautiques et de défense à partir de sites français, telle que l'assure aujourd'hui la branche Produits usinés".

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