Vers un compromis pour la hausse de la consultation du généraliste

L'assurance maladie et trois syndicats de médecins ne sont pas parvenus à un accord sur une hausse du tarif des généralistes de 21 à 23 euros dès cette année. Mais le dialogue n'est pas rompu : les partenaires se retrouveront mercredi 7 mars.

La négociation qui s'est déroulée ce vendredi entre l'assurance maladie et trois syndicats de médecins libéraux (CSMF, Alliance et SML) sur une hausse du tarif des généralistes n'a finalement pas tourné court. Le premier syndicat médical, la CSMF, qui avait fait monter la pression ces derniers jours, n'a pas claqué la porte. "Tout est encore possible", a indiqué son président, Michel Chassang.

Les médecins demandaient à ce que le tarif des généralistes soit porté de 21 euros à 23 euros, comme la consultation des spécialistes, puisque la médecine générale est reconnue cette année comme une spécialité médicale à part entière. Le directeur de l'assurance maladie, Frédéric van Roekeghem, a de son côté accordé aux médecins une hausse de 1 euro au début du deuxième semestre 2007 et proposé que le deuxième euro soit conditionné en 2008 aux résultats de la maîtrise médicalisée des dépenses de santé (contrôle des prescriptions d'arrêts de travail et de certains médicaments, développement des génériques...).

Les partenaires, qui se retrouveront mercredi 7 mars pour tenter de clore cette négociation tarifaire, pourraient cependant trouver un compromis. Frédéric van Roekeghem estime en effet se situer "dans la perspective d'un accord, même si les demandes des médecins sont très élevées".

La CSMF demande avant tout que le passage de 22 euros à 23 euros ne soit plus conditionné à un objectif d'économies dans les prescriptions. En contrepartie, le syndicat ne ferme plus la porte à une hausse qui interviendrait en 2008. "On veut un engagement ferme, pas de la monnaie de singe. Après, ça dépend quand la hausse intervient, ce n'est pas la même chose si c'est en janvier ou en juillet 2008", explique Michel Chassang.

Les médecins se sont par ailleurs montrés ouverts à un plan d'économies et de prévention pour 2008, qui devrait être mis sur la table mercredi prochain par l'assurance maladie. Outre l'accélération de la maîtrise des dépenses, l'assurance maladie place en effet au coeur de ses priorités "l'amélioration de la prévention en matière d'iatrogénie (interaction) médicamenteuse et de dépistage du cancer du sein" et "l'accompagnement de la médecine générale dans son passage à une spécialité".

Cette négociation, entamée il y a déjà plusieurs mois, s'avère particulièrement difficile du fait de la proximité de l'élection présidentielle. Les médecins ont reçu à plusieurs reprises le soutien du ministre de la Santé, Xavier Bertrand, de même que du candidat UMP dont il est le porte-parole, Nicolas Sarkozy. La CSMF, en baisse lors des élections professionnelles de 2006, avait déjà mené un bras de fer tarifaire en 2002, en pleine campagne électorale, et obtenu, au terme de huit mois de négociations très tendues, la revalorisation de la consultation de 17,53 euros à 20 euros.



Des gisements d'économies dans notre système de soins
Conformément à la convention qui lie l'assurance maladie et trois syndicats de médecins libéraux, la "maîtrise médicalisée" doit permettre de réaliser des économies grâce à une baisse des prescriptions (médicaments, arrêts de travail...). Une partie de ces économies permettant de revaloriser les honoraires des médecins. Mais l'assurance maladie pointe "des gisements d'économie à mobiliser dans notre système de soins" et regrette que "le rythme d'évolution" des comportements soit lent "et peine à dégager ces marges de manoeuvre". Dans un document remis dans le cadre de la négociation sur les tarifs des généralistes, l'assurance maladie rappelle que la baisse cumulée de prescription d'antibiotiques a atteint 17% en quatre ans, alors que l'objectif était un recul de 25%. Les antibiotiques représentent 0,9 milliards d'euros de dépenses remboursées et l'économie qui résulterait d'un alignement de notre consommation sur celle de l'Allemagne ou des Pays-Bas serait comprise entre 550 et 600 millions d'euros. Plus globalement, un alignement de notre consommation de médicaments sur la moyenne haute des pays européens entraînerait une économie de 5 milliards d'euros (-0,4 point de PIB et -0,3 point en dépenses remboursées). Enfin, l'assurance maladie rappelle que la maîtrise médicalisée pour les années 2005-2006 a permis de réaliser 1,3 milliard d'euros d'économies, en deçà de l'objectif de 1,78 milliards.

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