Portrait social des Français en Europe : le rapport du Centre d'analyse stratégique

Le Centre d'analyse stratégique dresse ce lundi un portrait social de la France en comparaison aux autres pays de l'Union européenne. Il en ressort une France aux réalités sociales contrastées, particulièrement inquiète pour l'avenir de ses enfants.

Le portrait social de la France par rapport aux autres pays de l'Union européenne (UE) que rend public lundi le Centre d'analyse stratégique (CAS, ex-Commissariat général au plan) est riche d'enseignements. La situation sociale des Français est faite à la fois de contrastes et de paradoxes, auxquels s'ajoute une grande peur, celle de la pauvreté. Les Français sont bien plus nombreux (86%) que les autres Européens (65% des Britanniques et 50% des Néerlandais par exemple) et qu'en moyenne dans l'UE (62%) à penser que la pauvreté peut concerner n'importe qui à un moment ou un autre de sa vie. En outre, 13% des Français pensent qu'ils pourraient devenir un jour sans abri, soit la proportion la plus élevée au sein de l'Europe à 25, Lituanie et Lettonie exceptés.

Pourtant, selon les données compilées par le CAS, provenant en grande partie de l'organisme européen de statistiques Eurostat, la France n'est pas plus inégalitaire que la plupart des autres pays européens. Ainsi, le rapport entre les revenus des 10% des Français les plus riches et des 10% des Français les plus pauvres "se situe exactement dans la moyenne de l'Union à 15", note le CAS. Le taux de pauvreté en France est largement amorti par le système de protection sociale: les transferts sociaux permettent ainsi "de diviser par deux le taux de pauvreté en France", souligne l'organisme public. Mais il n'empêche que les dépenses de protection sociale concernent avant tout la vieillesse (43,5%), la maladie (29,2%) et la famille (9,4%), alors que la lutte contre la pauvreté et l'exclusion n'est dotée que de 1,6% du total.

La France compte plutôt moins (en pourcentage) de travailleurs à temps complet ou à temps partiel dans des ménages pauvres qu'en moyenne dans l'Union à 25 (5% et 9% contre 7% et 11%). Soit dit en passant, il aurait été intéressant de comparer avec l'Union à 15 tant les écarts de niveau de vie sont importants entre les 25 pays de l'Union. En effet, être pauvre pour une personne seule signifie vivre avec moins de 797 euros par mois en France, moins de 1.424 euros au Luxembourg et moins de 61 euros en Roumanie! Parmi les catégories de personnes les plus angoissés de perdre leur emploi ou de devenir pauvre se trouvent surtout les personnes au chômage (près de 60% d'entre elles en France contre moins d'une sur deux au sein de l'UE à 25), au foyer et les ouvriers.

Quand on regarde plus dans le détail, la France présente un certain nombre de faiblesses par rapport à ses voisins européens. D'abord, la proportion de personnes très satisfaites par leur niveau de vie en France (16%) se situe à l'avant-dernier rang de l'Union à 15. Le logement, qui compte parmi les principaux motifs de satisfaction des Européens, mécontente une personne sur deux en France. Le chômage, bien qu'en baisse, concerne en France 9,3% de la population active entre 2002 et 2006, soit bien plus que la moyenne de l'UE à 15 (7,8%) et davantage que la moyenne de l'Union à 25 (8,7%). Par ailleurs, le taux de chômage de longue durée, en hausse en Europe depuis 2001, est plus élevé en France que dans l'Union à 15.

Surtout, le taux de chômage des jeunes (15-24 ans) reste très élevé en France (22,1% début 2007 contre 16,3% dans l'Union à 25). "Les jeunes Français peinent plus qu'ailleurs à s'insérer sur le marché du travail" et "bénéficient peu de la baisse du taux de chômage global", note le CAS, qui souligne "une situation particulièrement préoccupante, singulièrement en France pour les jeunes qui n'ont pas poursuivi leurs études au-delà du collège". Dès lors il est peu surprenant que les Français "plus soucieux de sécuriser leur revenu (pouvoir d'achat, chômage, retraites) que la moyenne" de leurs voisins sont "significativement plus pessimistes que la moyenne des Européens sur l'avenir de leurs enfants" (76% contre 64% en moyenne dans l'UE à 25).

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