Un candidat pur et dur

L'acteur Niels Arestrup passe à la réalisation avec "Le candidat", une fiction sur un aspirant à l'élection présidentielle qui casse le jeu politico-médiatique entre les deux tours. Le film vaut surtout pour son sujet.

Pour son premier film, l'acteur de théâtre (et dans une moindre mesure de cinéma) Niels Arestrup choisit de s'immiscer dans la campagne pour l'élection présidentielle avec une fiction qu'il a entièrement écrite et réalisée. Il y intervient aussi en tant que comédien et on lui sait gré de se cantonner à un second rôle - et pas un beau rôle - celui d'un chef de parti cynique et manipulateur.

En revanche, on lui reprochera un problème de rythme dans la narration et un côté théâtre filmé qui est souvent le lot des films de comédien. Sans parler de quelques obscurités dans le scénario concernant une manipulation occulte.

On l'aura compris, ce "Candidat", qui fait beaucoup penser à Lionel Jospin en 2002, vaut surtout pour son sujet, pour l'éthique qu'il veut rétablir dans le jeu politico-médiatique. Avec des accents parfois naïfs, ce qui ne laisse pas de surprendre de la part d'une personnalité aussi trempée que celle d'Arestrup.

Incarné de façon très crédible par Yvan Attal, ce candidat qui a pour nom Michel Dedieu est un néophyte arrivé au moment crucial de la campagne électorale: l'entre-deux tours. Il a remplacé au pied levé le candidat de son parti contraint de se retirer à cause d'un cancer fulgurant. Passée la barre du premier tour, il lui reste très peu de temps pour préparer le second et le fatidique débat télévisé qui l'oppose à son adversaire. Entouré de son staff rapproché, il s'enferme dans sa propriété, un château ceint de hauts murs, quelque part à la campagne. Dans ce huis-clos, la pression est à son comble. L'enjeu est de taille: Dedieu doit à tout prix redresser son image peu sympathique et s'entraîner à avoir réponse à tout face à aux caméras. Conseillers politiques, coachers, photographes ... tout le monde le harcèle sans relâche.

La première à craquer est sa femme (Clotilde de Bayser) qui, excédée par le manque d'intimité, quitte le navire et abandonne son mari à son stress. Celui-ci tient bon et se plie à tout ce qu'on lui demande. Mais la visite à un vieil ami, un sage en qui il a toute confiance (Maurice Benichou), va soudain l'éclairer sur la manipulation dont il est la dupe.

Notre candidat va alors envoyer tout le monde balader et n'en faire plus qu'à sa tête. Au soir du duel télévisé, il joue la sincérité face à la caméra et fait entendre un discours pour le moins inattendu. Ce faisant, il retourne à son profit la manipulation qui le visait. Et substitue une posture à une autre, usant de la duplicité qu'il reproche aux autres. Ce qui annule le message de probité qu'Arestrup voulait faire passer.

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