Près de 600 anciens salariés de Moulinex contestent leur licenciement

Leur procès se tient aujourd'hui devant le conseil des prud'hommes de Caen. Plus de cinq ans après la fermeture de quatre usines du groupe en Basse-Normandie, ces salariés mettent en cause les conditions dans lesquelles ils ont perdu leur emploi. Le jugement doit être rendu le 11 septembre.

Près de 600 ex-salariés de Moulinex poursuivent mardi leur ancien employeur devant le tribunal des prud'hommes de Caen pour contester les conditions de leur licenciement après la fermeture de quatre usines en Basse-Normandie en octobre 2001. Leurs plaintes portent sur trois points: un licenciement sans cause réelle et sérieuse, le non respect des critères de licenciement et le non respect des engagements pris aux termes du plan social. "Chacun des 597 ex-salariés va réclamer en moyenne trois années de salaire", a indiqué leur avocat Gilles Durand.

Les plaignants ont perdu leur emploi après la fermeture, en octobre 2001, de quatre usines Moulinex situées en Basse-Normandie (Alençon dans l'Orne, Bayeux, Cormelles-le-Royal et Falaise dans le Calvados). Le 14 avril 2006, la cour d'appel de Caen avait donné gain de cause à 16 anciens salariés de Moulinex en leur accordant des indemnités en raison notamment du non respect des critères d'ordre de licenciement mis en place à la suite du dépôt de bilan de l'entreprise en 2001. Onze anciens salariés s'étaient vu accorder des indemnités allant de 10.000 à 18.000 euros et cinq autres 8.600 euros. L'arrêt de la cour d'appel "sera une référence", estime Gilles Durand.

Le bilan définitif du plan social et de l'accompagnement par la puissance publique des salariés licenciés fait toujours débat. Selon la préfecture, parmi les 2.880 ex-employés de Moulinex ayant perdu leur emploi en Basse-Normandie, 1.375 ont trouvé une "solution sociale" et 1.438 une "solution d'emploi" (CDI, CDD de plus de 6 mois, créations d'activité ou d'entreprise ou formation longue qualifiante). Pour Thierry Le Paon, ancien délégué syndical CGT, la réalité est tout autre. "Seuls un tiers des anciens salariés ont retrouvé un emploi à durée indéterminée, tandis qu'un tiers vivent de petits boulots ou sont en formation et qu'un autre tiers n'ont rien du tout. 10% des peronnes licenciées par Moulinex sont même en voie de clochardisation", affirme le syndicaliste.

L'Etat, la Sécurité sociale et l'assurance chômage ont pourtant dépensé 169 millions d'euros pour financer les mesures sociales tandis que 112 millions d'euros (Etat et collectivités locales) ont été consacrés à "la redynamisation économique" de la région, selon la direction du Travail. Le concurrent de Moulinex, Seb, avait repris partiellement l'ancien fleuron français du petit électroménager, et s'était engagé à garder 2.000 salariés de Moulinex employés dans les usines de Mayenne. Cinq ans plus tard, seuls 1.000 personnes ont conservé leur emploi, précise Thierry Le Paon. Le procès qui se tient aujourd'hui, dont le jugement doit être rendu le 11 septembre, ne sera pas le dernier: entre 300 et 400 dossiers d'autres ex-Moulinex sont en cours de préparation.

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