Huawei commence l'année 2024 comme il a fini 2023 : avec de bons résultats. Entre janvier et mars, le géant chinois des télécoms a dégagé un bénéfice net de 19,6 milliards de yuans (2,5 milliards d'euros), selon des chiffres publiés ce mardi. Il s'agit d'une hausse à trois chiffres par rapport à l'an dernier à la même période, de +564%. Le chiffre d'affaires progresse, lui, de +36,7% sur un an, à 178,5 milliards de yuans (23 milliards d'euros).
Avec ses résultats du premier trimestre, Huawei confirme qu'il semble avoir tourné la page des sanctions américaines. Pour rappel, l'entreprise, dont le siège se trouve à Shenzhen dans le sud de la Chine, est depuis plusieurs années au centre d'une intense rivalité technologique entre Pékin et Washington. Les États-Unis l'accusent, sans avancer de preuves, de pouvoir espionner au profit des autorités chinoises, ce que l'équipementier, qui est un groupe privé, conteste fermement. Reste que, depuis 2019, elle se voit interdire de s'approvisionner en technologies « made in USA », ce qui l'a forcé à se recentrer sur des secteurs comme les logiciels, les appareils connectés, l'informatique d'entreprise mais aussi la voiture électrique avec sa marque Aito.
« Le secteur et les marchés mondiaux resteront en proie à l'incertitude » cette année, a mis en garde mardi Huawei, se disant toutefois « confiant » quant à la réalisation de ses objectifs.
Redevenir incontournable sur les smartphones
Huawei n'a toutefois communiqué aucun détail pour ses ventes de smartphones. Dans le passé, l'entreprise a un temps été parmi les trois principaux fabricants au monde, avec le coréen Samsung et l'américain Apple. Les sanctions américaines ont depuis lourdement fragilisé ses ventes. N'étant pas coté en Bourse, le géant n'est toutefois pas soumis aux mêmes obligations de certification des comptes ou de détails dans la publication de ses résultats que les groupes qui le sont.
Le géant chinois compte toutefois bien redevenir incontournable sur le marché des smartphones, n'en déplaise au gouvernement américain. Huawei a ainsi dévoilé l'été dernier le « Mate 60 Pro », un smartphone ultra performant équipé d'une puce dont la miniaturisation serait impossible sans technologies étrangères, selon des informations de presse et des experts. Ce qui interroge sur l'efficacité des sanctions américaines.
Tel un pied de nez à l'administration Biden, sa présentation avait d'ailleurs coïncidé en août avec la visite en Chine de Gina Raimondo, la secrétaire américaine au Commerce et responsable de l'application des sanctions. Cette dernière s'est affichée cinglante mi-avril contre le processeur intégré par Huawei dans son terminal. « Cette puce (...) a des années de retard sur ce que nous avons aux États-Unis. Nous disposons des semi-conducteurs les plus sophistiqués au monde, ce qui n'est pas le cas de la Chine », a-t-elle affirmé.
Les défis de la 5G
La marque reste en outre le premier équipementier mondial pour la 5G, la cinquième génération de l'internet mobile. Mais les États-Unis cherchent là encore à lui mettre des bâtons dans les roues, essayant de convaincre leurs alliés de proscrire Huawei de leurs réseaux 5G. Ils avancent pour cela que Pékin pourrait utiliser les produits du groupe pour surveiller les communications et trafics de données d'un pays.
Sous la pression des États-Unis, la Commission européenne a estimé en juin dernier que les fournisseurs chinois d'équipements télécoms, dont Huawei, représentaient un risque pour la sécurité de l'UE. Et indiqué qu'elle ne souscrirait plus de services de téléphonie mobile s'appuyant sur les matériels de ces entreprises. Des interdictions pour la fourniture d'équipements 5G ont également déjà été prises au Royaume-Uni et au Canada.
« Désigner publiquement une entreprise comme un "fournisseur à haut risque" sans fondement juridique va à l'encontre des principes du libre-échange. Cette qualification discriminatoire (...) ne devrait jamais être appliquée sans procédure justifiée et sans audition adéquate », a répliqué Huawei.
Reste que le géant chinois ne s'annonce pas vaincu. Il est actuellement en train de bâtir une usine d'équipements 5G près de Strasbourg, sa première en dehors de la Chine. À compter de la fin 2025 ou début 2026, elle fabriquera des équipements 5G pour le compte des opérateurs télécoms européens, notamment en France et en Allemagne. Un projet qui symbolise, à lui seul, la détermination de Huawei à rester, coûte que coûte, sur le Vieux Continent malgré la frilosité de l'Europe à son encontre.
(Avec AFP)
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