Les autres films de la semaine

Parmi les nombreuses sorties de la semaine: "J'veux pas que tu t'en ailles", "Très bien, merci", "Destricted", "Love (et ses petits désastres)", "Nocturnes", "Les oubliées de Juarez" "Tout ira bien".

"J'veux pas que tu t'en ailles"
Le divan est devenu le laboratoire idéal du vaudeville moderne. Souvent caricatural, le psychanalyste n'est pas tourné en ridicule dans "J'veux pas que tu t'en ailles", même si son intégrité en prend un coup. S'apercevant que son patient est l'amant de sa femme, il tente tant bien que mal de l'en détourner, usant de ficelles psychanalytiques de base non dénuées de sens. S'apercevant avec effroi de la supercherie, le patient va à son tour manipuler le thérapeute. Et on en arrive à la bonne vieille farce de l'arroseur arrosé, version freudienne. Bernard Jeanjean, le réalisateur de "J'me sens pas belle", livre une nouvelle petite séance de légèreté, un rien sirupeuse, servie par un trio d'acteurs plutôt plaisant: Richard Berry, Judith Godrèche et Julien Boisselier.
C.M.

"Très bien, merci"
En pleine campagne électorale, une peinture au vitriol de la France ne manquait pas d'à propos. Contrôle de police, insécurité, licenciement, chômage, absurdité des entretiens d'embauche, mal-être, aberrations du système... Autant de sujets dont s'empare "Très bien merci", avec pour fil conducteur l'atterrissage en hôpital psychiatrique d'un sain d'esprit, ayant eu la maladresse d'observer d'un peu trop près un contrôle d'identité. Mais lourdement anti-sarkoziste, le film enchaîne les thèmes fadement. Les acteurs (Sandrine Kiberlain et Gilbert Melki) sont tout aussi ternes.
C.M.

"Destricted"
Pari audacieux que ce film formé de sept courts-métrages où autant d'auteurs réalisateurs et artistes parmi les plus visionnaires et provocateurs de leur temps marient l'art et le sexe. A commencer par Matthew Barney, l'artiste plasticien le plus en vue de sa tribu, qui met en scène l'accouplement d'un "green man" et d'un bulldozer. Le plus intéressant est sans doute celui de Larry Clark qui organise un casting parmi des jeunes hommes de la génération porno et offre à l'heureux élu l'occasion de réaliser son fantasme avec une professionnelle du genre. Le Français Gaspar Noé, lui, explore la solitude d'un homme face au plaisir par l'intercession de l'image... Où l'on voit que l'art et la pornographie n'ont plus besoin de cacher leur rapport derrière le voile de l'érotisme.
N.T.

''Love (et ses petits désastres)''
L'histoire est bien connue: tout le monde rêve de trouver l'amour, et il se trouve toujours là où on ne l'attend pas. Dans cette comédie d'Alek Keshishian ("In Bed with Madonna"), tous les ingrédients de la comédie sentimentale sont réunis: de beaux acteurs, l'univers de la mode, des idées reçues et recyclées. Emily Jackson, alias Jacks, journaliste à "Vogue", entretient une relation purement charnelle avec James. Son ami et colocataire gay, Peter, rêve du grand amour, qu'il n'a connu jusqu'alors que dans ses fantasmes. Viennent s'ajouter Tallulah, meilleure amie de Jacks, aussi superficielle que superflue, et Paolo, photographe argentin. Brittany Murphy, qui joue de sa niaiserie jusqu'au bout, ne parvient pas à rendre cette comédie crédible. Les ficelles sont grosses, les acteurs en rajoutent et le quiproquo, au centre du film, tombe comme de juste à la fin. Seule façon d'apprécier cette comédie convenue: la prendre au deuxième degré.
I.M.

"Nocturnes"
Sur une belle musique de piano, Henry Colomer, documentariste pour Arte, livre un film intimiste, en noir et blanc, sur le temps passé. On est dans les années cinquante, et l'on suit la vie d'un enfant dont l'histoire se confond avec les événements de l'époque, le lancement du Spoutnik, la guerre d'Algérie. Divisé en neuf chapitres, le film est parsemé d'images d'archives, pour mieux souligner la nostalgie d'une époque révolue.
I.M.

"Les oubliées de Juarez"
A Juarez, ville mexicaine frontalière des Etats-Unis, presque 400 femmes ont été assassinées et quelques centaines d'autres ont disparu depuis 1993. Malgré la mobilisation d'organisations telles qu'Amnesty International, le mystère reste entier, les investigations policières velléitaires et les arrestations sporadiques. Mêler le thriller hollywoodien à un tel drame était osé. Caricaturer le Mexique, son affreuse classe dominante, manque en plus de subtilité. Jennifer Lopez et Antonio Banderas incarnent deux journalistes intègres, bien entendu sourdement amoureux, qui risquent leur vie sur l'autel de la vérité. Et pour couronner le tout, la journaliste américaine en profite pour se réconcilier avec ses racines mexicaines. On l'aurait parié. Mais, action hollywoodienne oblige, le tempo rend le film tout juste digeste.
C.M.

"Tout ira bien"
Marginal et porté sur la boisson, Marcel erre entre le désordre de son appartement berlinois et le bar d'en face, où il rêve tout haut de devenir garde du corps. Jusqu'au jour où débarque son fils de quinze ans, qui refuse de suivre sa mère dans sa nouvelle vie en banlieue. Sans misérabilisme ni pathos, Robert Thaneim raconte dans ce premier film la relation père-fils à l'envers qui s'installe entre eux. A travers le trouble du fils, partagé entre le mode de vie aisé de sa mère et le mépris de son père à leur égard, il raconte aussi le malaise d'une société est-allemande à deux vitesses. Le visage tragi-comique de Milan Peschel, qui joue le père, les scènes d'improvisation et l'utilisation d'une caméra digitale ajoutent au réalisme du récit. Dommage toutefois que les notes de poésie et d'humour soient beaucoup trop parsemées.
C.M.

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