Exclusif - Pouvoir d'achat des cadres : 2006 meilleure année depuis quatre ans, selon la CFDT

Le syndicat explique cette amélioration par un marché du travail cadre bien orienté et par l'inflation maîtrisée. Toutefois, le secteur privé est à la traîne tandis que l'opacité des négociations individuelles est dénoncée.

Pour le pouvoir d'achat des cadres, 2006 a été la meilleure année depuis 2002. Et cette bonne nouvelle est annoncée par une organisation syndicale, en l'occurrence la CFDT Cadres, en plein débat général sur les salaires. Sa traditionnelle enquête salaire annuelle, publiée en avant-première par la Tribune, montre en effet que le pouvoir d'achat des cadres a progressé de 2,1 % en 2006, contre 1,8 % en 2005.

Ce bon chiffre est confirmé par un autre : seuls 34 % des cadres ont perdu du pouvoir d'achat l'an passé contre 43 % les trois années précédentes. "Les populations pénalisées se réduisent", note la CFDT Cadres dans son étude. La proportion de cadres n'ayant perçu aucune augmentation s'établit à 11,4 % en 2006 contre 20,7 % en 2003. Mieux, la part des très forts gains progresse.

L'explication de ces évolutions favorables résulte, selon la CFDT cadres, de trois facteurs : l'amélioration du marché du travail, la pression démographique qui pousse les entreprises à renforcer leur attrait et l'inflation contenue. Au delà de ces explications macro-économiques, un facteur technique doit être pris en compte : la diffusion des augmentations de salaires individualisées se conjugue à un retour des augmentations collectives.

Ce phénomène, relevé par les spécialistes des ressources humaines depuis quelques années, est aujourd'hui chiffré. Les cadres bénéficiant d'augmentations individualisées sont aujourd'hui majoritaires. Ils sont désormais 54,1% contre 52,7% en 2005. Ceux bénéficiant d'augmentations collectives passent à 65,2 % contre 54,6 % en 2003.

Selon les spécialistes de la CFDT Cadres, si les augmentations collectives donnent un peu de grain à moudre aux cadres, la seule vraie possibilité de progression des revenus reste l'augmentation individualisée. Sans celles-ci, la hausse du pouvoir d'achat est minime, de l'ordre de 0,61 % en 2006, contre 3,43 % avec elles.

Cela permet aux entreprises de cibler précisément les populations à récompenser. D'abord, les jeunes. Les 31-40 ans voient leur pouvoir d'achat augmenter de 2,64% en 2006 et de 10,53 % entre 2003 et 2006, bien plus fortement que celui des 51-60 ans. Les femmes sont, de leur côté, mieux traitées que les hommes en 2006 avec une hausse de 2,7 % en 2006 contre 1,9 %. De même, les plus hauts revenus sont aussi choyés.

Curieusement, ces augmentations individualisées ou globales d'ailleurs ne bénéficient pas aux cadres du secteur marchand. Le pouvoir d'achat des cadres du secteur privé progresse de seulement 1,63 %, un tout petit peu plus que celui des cadres des entreprises du secteur public. Il est franchement à la traîne comparé à l'évolution de la fonction publique d'Etat (+ 3,28%) et surtout de la Fonction publique hospitalière (+ 4,81%). Ce retard du secteur marchand privé et surtout public se mesure même sur les quatre dernières années. Le dynamisme de l'économie française s'en trouve sûrement affecté...

Méthodologie
L'étude de la CFDT Cadres s'appuie sur une enquête auprès d'un même échantillon de 710 cadres, interrogés sur plusieurs années afin de permettre les comparaisons. 69,7 % de ces cadres sont des hommes. 58,3 % de l'échantillon travaille dans le secteur privé et 13,2% dans les entreprises du secteur public. 68,2 % sont employés par des entreprises de plus de 500 salariés. Les revenus pris en compte intègrent tous les éléments salariaux plus le montant imposable de l'intéressement.

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