"Boxes"
Elle a toujours refusé d'écrire ses mémoires. Jane Birkin signe pourtant avec " Boxes ", la plus belles des autobiographies. Une oeuvre certes bavarde, bordélique, parfois indiscrète mais aussi fantasque, loufoque, drôle, chaleureuse, éminemment émouvante, portée par des dialogues diablement troussés. Tout se passe dans une belle maison de Bretagne. C'est là qu'Anna, une anglaise de 50 ans vient d'élire domicile. Au fur et à mesure qu'elle déballe ses cartons resurgissent mille et un souvenirs. Enfance, amours, progéniture.... Jane b. redit son affection pour son père (ici interprété par Michel Piccoli), règle ses comptes avec sa mère (Géraldine Chaplin) ou ses hommes, parle de ses liens avec ses enfants. On reconnaît Serge Gainsbourg sous les traits de Maurice Bénichou, tandis que le personnage joué par Lou Doillon rappelle la vraie Charlotte Gainsbourg. Mais passé le jeu du who's who, le film s'impose comme une oeuvre universelle sur les rapports familiaux.

"Coeurs perdus"
A côté de ces deux-là, Bonny and Clyde passent pour des enfants de choeur. Nous sommes aux Etats-Unis à la fin des années 40. Raymond Fernandez (Jared Letho, très excité) s'acharne à séduire de pauvres veuves pour mieux les dépouiller et les zigouiller ensuite. Parmi elles, Martha Beck (superbe et maléfique Salma Hayek). De peur de voir son nouvel amant lui échapper, cette dernière décide de l'aider à la tâche. Sauf qu'elle devient vite incontrôlable. Heureusement, l'inspecteur Elmer C. Robinson (John Travolta) mène l'enquête pour démasquer les coupables. Le réalisateur Todd Robinson s'essaye ici tant bien que mal au polar à l'ancienne, reconstitue l'époque à merveille, propose une excellente bande son, mais flirte souvent avec le grand guignol. Et impose au final une scène d'exécution aussi interminable que nauséeuse.

"Ecoute le temps"
Ingénieur du son, Charlotte revient dans la maison de campagne où sa mère a été assassinée. Une sorte de don lui permet d'entendre tous les dialogues que les murs ont pu capter dans le passé. Ces vestiges auditifs l'aideront à la fois à comprendre sa mère et à enquêter sur son meurtre. Parfois angoissant, "Ecoute le temps" développe trop peu d'idées et laisse une impression monochrome. Surtout, le réalisateur, Alanté Kavaïté, qui dans ce premier opus filme Emilie Dequenne devient monomaniaque. Mais les spectateurs insensibles à ses charmes finissent par se lasser des gros plans sur l'actrice.

"Dialogue avec mon jardiner"
Deux anciens camarades de classe se retrouvent un demi-siècle plus tard. L'un (Daniel Auteuil) est un peintre parisien réputé qui revient vivre dans sa maison d'enfance, à la campagne. L'autre (Jean-Pierre Darroussin), cheminot retraité, devient son jardinier et son ami. Dans ce cadre bucolique, ils se confient, plaisantent, confrontent leurs certitudes et leurs doutes et s'attachent l'un à l'autre très rapidement. Du même réalisateur Jean Becker, "Effroyables jardins" racontait l'amitié touchante entre André Dussolier et Jacques Villeret, deux originaux, anti-héros de la résistance. Une trame un peu plus fournie, ou plus singulière, et quelques rebondissements auraient aussi profité à ce dernier film. Car les dialogues ne suffisent pas et le film tombe un peu à plat, malgré le naturel et le talent des acteurs.

"I don't want to sleep alone"
Le Taïwanais Tsai Ming-Liang tourne pour la première fois dans sa Malaisie natale et filme les malheurs d'un jeune et beau sans-abri chinois recueilli par un ouvrier bangladeshi, après avoir été victime d'une agression dans la rue. Ces deux misérables, parias de la capitale, Kuala Lumpur, s'enfoncent dans la détresse économique et sentimentale et n'ont que la solidarité en partage. De longs plans fixes et des dialogues très clairsemés réservent le film aux inconditionnels de Tsai Ming-Liang, auteur de l'inoubliable "La Rivière".