Déduction des intérêts : réactions contrastées après les déclarations de Nicolas Sarkozy

Les demandes de précisions sur les modalités concrètes de réalisation se multiplient après l'annonce du président Sarkozy élargissant la déductibilité des intérêts d'emprunts "à tous les contrats en cours". Patrick Devedjian, secrétaire général délégué de l'UMP, évalue entre "trois et quatre milliards" d'euros le coût de la mesure pour l'Etat.

Les précisions du président de la République, mardi soir lors de son discours devant les militants et sympathisants UMP du Havre, sur le champ d'application de la déduction d'intérêts d'emprunts immobiliers pour l'achat d'une résidence principale qui "s'appliquera à tous les crédits immobiliers en cours" et non plus aux seuls contrats signés après le 6 mai ainsi que l'avait indiqué précédemment le ministre des Comptes publics Eric Woerth, suscitent des réactions contrastées.

Ségolène Royal a estimé aujourd'hui, sur LCI, que "le principal risque d'une décision comme celle-ci, c'est la flambée du coût de l'immobilier". Elle doit donc "s'accompagner de trois choses: remettre sur le marché des logements qui ne le sont pas (...), lancer très rapidement des programmes de logements accessibles aux catégories moyennes, savoir comment ce cadeau fiscal qui coûte entre deux et cinq milliards d'euros sera financé, sur quelles catégories sociales seront pris ces deux à cinq milliards d'euros".

En écho, François Hollande, premier secrétaire du PS, a souligné ce matin sur Europe 1, "la confusion" du gouvernement et réclamé "une clarification" avant les élections législatives des 10 et 17 juin. "Nous sommes dans la plus grande confusion (...) On n'y comprend plus rien", a-t-il observé tout en soulignant que les déclarations, mardi au Havre, du président Sarkozy contredisaient les propos d'Eric Woerth. Le numéro un du PS a demandé au gouvernement "que cessent ces mouvements d'annonces et de contre-annonces et qu'avant les élections législatives, on nous dise quelle est la mesure, quel est son montant, quel est le plafond de la déduction, quelle est la durée d'application et quel est le coût pour les finances publiques". "Chacun à ce moment là pourra choisir en connaissance de cause", a-t-il ajouté en rappelant que le projet du PS proposait "des prêts à taux zéro pour tous les accédants à la propriété".

Comme pour faire réponse aux critiques et interrogations des caciques du PS, Patrick Devedjian, secrétaire général délégué de l'UMP, a évalué dans la matinée entre "trois et quatre milliards" d'euros le coût pour l'Etat de la mesure promise par Nicolas Sarkozy pendant sa campagne électorale. "On peut faire des estimations. Il y a un débat là-dessus mais c'est de l'ordre de trois à quatre milliards sans doute", a déclaré Patrick Devedjian, sur France Info.Le secrétaire général de l'UMP ne peut évidemment pas être précis dans son chiffrage. Celui-ci dépend en effet des modalités qui seront retenues au moment de la mise en place de la mesure.

Tout en se déclarant "satisfait" du recadrage effectué par Nicolas Sarkozy, le président de la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim) René Pallincourt réclame lui aussi des précisions "sur les modalités concrètes d'application". Il rappelle au passage que sa fédération plaide pour la déductibilité des intérêts d'emprunts à hauteur de 25%, contre 20% initialement évoqués par Eric Woerth. La Fnaim préconise par ailleurs, dans le cas d'un plafonnement du montant remboursable par l'Etat, "une sectorisation géographique tenant compte des disparités de prix [...] observées en régions". En clair, le seuil du plafond appliqué serait différent selon la région de l'achat immobilier. De telles dispositions existent déjà pour le prêt à taux zéro (PTZ) dont les conditions d'octroi sont modulables selon que la demande émane d'une personne ou d'un ménage qui achète dans une zone fortement urbanisée ou à la campagne.

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