Perquisition au Canard enchaîné et chez l'avocat de Nicolas Sarkozy

Des juges se sont rendus ce vendredi matin chez l'avocat de Nicolas Sarkozy et au Canard Enchaîné afin de savoir si des documents concernant l'affaire Clearstream auraient été transmis de l'un à l'autre.

Coïncidence ou entreprise de déstabilisation ? En tous cas, l'affaire Clearstream fait un retour en force au lendemain des élections présidentielles. Un juge s'est rendu ce vendredi chez l'avocat de Nicolas Sarkozy, à cinq jours de l'entrée en fonction du nouveau président, et un autre a tenté en vain de perquisitionner l'hebdomadaire Canard Enchaîné dans le cadre de l'affaire politico-financière Clearstream.

L'avocat de Nicolas Sarkozy, Me Thierry Herzog, a immédiatement dénoncé une "provocation" et a affirmé que l'on cherchait à "déstabiliser" Nicolas Sarkozy. L'entourage de ce dernier, qui prendra ses fonctions le 16 mai, s'est refusé pour sa part à tout commentaire.

Cette affaire de dénonciation calomnieuse, dans laquelle le nom de Nicolas Sarkozy a été cité, avait fait trembler les sommets de l'Etat avant la campagne présidentielle. Le nouveau chef de l'Etat a toujours affirmé avoir été victime d'une machination politique destinée à briser sa carrière.

De son côté, le juge venu dans les locaux du Canard Enchaîné s'est heurté au refus des journalistes de lui donner les clefs de la salle de rédaction, et est reparti sans pouvoir mener à bien sa perquisition. "Le juge cherche un document et Claude Angeli, le rédacteur-en-chef, lui a dit: "ce document, nous ne l'avons pas et si on l'avait, on l'aurait mangé"", a dit un responsable du journal.

Ce document, selon le Canard Enchaîné, est l'une des notes du général Philippe Rondot, ancien haut responsable du renseignement français et témoin clef au coeur de l'affaire Clearstram, dans laquelle il évoquait l'existence d'un supposé compte bancaire secret de Jacques Chirac au Japon, ce que le chef de l'Etat a toujours nié. Le juge n'a toutefois pas précisé ce qu'il cherchait.

Au même moment, une autre juge s'est rendu au cabinet de l'avocat de Nicolas Sarkozy -qui est partie civile dans l'affaire, et a donc accès au dossier- et a contrôlé le fac-similé du document en possession de l'avocat, pour établir si des documents du dossier Clearstream avaient pu être transmis au Canard Enchaîné.

La juge a "constaté que les documents n'avaient pas pu être envoyés depuis cette machine", a affirmé l'avocat à l'AFP. "On cherche à déstabiliser Nicolas Sarkozy en insinuant que son avocat pourrait avoir fait parvenir des fac-similés de procès verbaux", a-t-il dit. De son côté, la fédération nationale de la presse française (FNPF, patronat), qui regroupe six syndicats patronaux, s'est "indignée" de cette tentative de perquisition au Canard Enchaîné, selon un communiqué.

L'affaire Clearstream porte sur de faux listings attribués à l'institution financière luxembourgeoise, dans le but de faire croire que des bénéficiaires, dont Nicolas Sarkozy, avaient touché des commissions occultes en 1991 au moment de la vente de frégates par la France à Taiwan. L'entourage de l'ancien ministre de l'Intérieur a soupçonné son rival d'alors, le Premier ministre Dominique de Villepin, qui a fait secrètement enquêter sur ces listings, d'avoir tenté de lui nuire. Ce dernier avait nié toute implication.

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