Affaire de corruption chez Siemens : le président du directoire saute à son tour

Alors que le groupe allemand de technologie est secoué par une vague de scandales sur des affaires de corruption, Klaus Kleinfeld vient d'annoncer qu'il ne restera pas à la tête du groupe à l'issue de son contrat actuel, fin septembre. Il suit ainsi l'exemple du président du conseil de surveillance, qui s'en va lui aussi.

Siemens se cherche un nouveau président. Après plus de trois heures de discussion, le conseil de surveillance du groupe allemand a publié un communiqué lapidaire annonçant que Klaus Kleinfeld n'était pas à disposition pour une prolongation de son mandat qui expire le 30 septembre prochain.

Une majorité du conseil avait refusé de prolonger son contrat, repoussant une nouvelle fois à une prochaine réunion la décision. Un vote de défiance, a estimé le patron de Siemens qui a préféré jeter l'éponge. "Dans une telle période, le groupe a besoin de clarté sur sa direction", a-t-il justifié dans un courriel à ses salariés.

La semaine dernière, c'était Heinrich von Pierer, président du conseil de surveillance à la tête du groupe jusqu'en janvier 2005, qui avait dû renoncer à son poste, portant le chapeau des diverses affaires de corruption qui ébranlent Siemens depuis novembre dernier.

Mais plusieurs membres du conseil estimaient que pour apaiser la situation dans le conglomérat allemand, celui-ci avait besoin d'une rupture claire avec son passé, et donc de nouveaux hommes à sa tête. Une première pour Siemens, dont les présidents jusqu'à présent ont toujours été choisis en son sein.

Quand La Tribune avait indiqué en janvier qu'Heinrich von Pierer avait commencé à chercher à l'extérieur du groupe un remplaçant potentiel à Klaus Kleinfeld, son porte-parole avait toutefois démenti formellement l'information en justifiant qu'il était impensable de confier les rênes du groupe à une personne qui n'en connaisse pas les ficelles. Et pourtant le groupe s'est toujours félicité par le passé de l'indépendance de ses divisions.

Pour l'instant en tout cas, le conseil n'a pas trouvé de successeur. Depuis mardi, le nom de Wolfgang Reitzle, président du directoire de Linde, circule. Mais il aurait refusé dans un premier temps, les membres de son propre conseil de surveillance rechignant à le laisser partir.

Certains experts n'excluent pas toutefois qu'il accepte, si une solution est trouvée pour le remplacer. En attendant, Klaus Kleinfeld devrait rester à son poste. Il doit présenter ce jeudi les résultats du deuxième trimestre de son exercice fiscal.

Des résultats dont il s'était empressé de communiquer les grandes données mardi soir, visiblement pour prouver qu'il y avait toutes les raisons de continuer à lui faire confiance puisque les marchés applaudissent.

Non seulement il a tenu ses promesses en faisant pointer toutes ses divisions dans les marges que son prédécesseur leur avait fixées depuis longtemps. Mais il a, de janvier à mars, largement dépassé les prévisions des analyses puisque le résultat d'exploitation s'est inscrit à 1,96 milliard d'euros, soit un bond de 49%. Et, malgré les scandales de corruption, les affaires continuent puisque le carnet de commandes signe une hausse de 9% à 23,4 milliards.

Hier, les représentants de diverses associations de petits actionnaires ont d'ailleurs, aussitôt après l'annonce du départ de Klaus Kleinfeld, continué à lui exprimer leur soutien. De même certains analystes ont été jusqu'à qualifier la situation de "tragédie" pour le groupe. Le titre a d'ailleurs plongé de 1,5% après la publication du communiqué.

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