Les syndicats de Renault dans l'expectative après l'annonce d'un plan d'action au Technocentre

Les organisations syndicales ont approuvé les mesures visant à améliorer les conditions de travail des salariés du centre de conception du constructeur automobile à Guyancourt (Yvelines). Pour autant, elles se refusent à délivrer "un chèque en blanc" à la direction.

"Quand Carlos Ghosn a présenté son "Contrat 2009" en février 2006, il a en omis le volet social, rappelle Fred Dijoux, délégué syndical central CFDT chez Renault. Si celui-ci avait été présenté en même temps que le plan de croissance de l'entreprise, on aurait pu faire l'économie d'un certain nombre de choses".

Entre octobre 2006 et février 2007, trois salariés du Technocentre de Gyancourt (Yvelines), où ingénieurs et techniciens conçoivent les nouveaux modèles du constructeur automobile, se sont suicidés. La direction a annoncé vendredi une série de mesures visant à améliorer les conditions de travail sur le site, qui compte plus de 12.500 salariés.

Les syndicats ont accueilli favorablement ce "plan de soutien aux équipes des ingénieries et du Technocentre", ciblé notamment sur le développement du management de proximité (réunions hebdomadaires dans chaque unité de travail, instauration d'une "journée de l'équipe"), une meilleure répartition de la charge de travail (renforcement de la planification, embauche de "110 spécialistes de l'automobile") et un soutien à l'acquisition des compétences exigées (intensification des formation en informatique, gestion économique, anglais, etc.).

La CGC Métallurgie s'est dite "en accord" avec ces mesures, estimant que "le volet social du Contrat 2009 arrive en partie". La CGT de Renault a souligné pour sa part "le changement notable" de la direction, dont l'atttitude jusque-là "consistait à nier toute implication de la sphère professionnelle dans les actes de désespoir qui ont marqué ces derniers mois".

Pour autant, les syndicats refusent de signer "un chèque en blanc à la direction", selon Fred Dijoux. Pour le délégué CFDT, les mesures annoncées vendredi par la direction constituent "une première étape qui va dans le bon sens, mais maintenant il va falloir la mettre en application". En particulier, ce plan "ne dit rien sur la manière dont la charge de travail va évoluer, comment le salarié sera moins mis sous pression". Pour lui, certains points restent flous. "Le plan prévoit une meilleure planification de la charge de travail mais avec le renouvellement des modèles, la charge de travail n'est pas identifiée".

Pour la CGT, les actions envisagées "ne lèvent pas les craintes liées à l'avenir de l'ingénierie ainsi que la peur de l'échec individuel liée au système de management qui consiste à évaluer les individus et non leur travail afin de les mettre sous pression et en concurrence". De son côté, la CGC promet de veiller "à l'application stricte et déterminée de ces mesures en temps et en moyens".

Les syndicats ne croient pas que le malaise actuel disparaîtra par la simple application du plan de la direction, qui est "très, très loin de répondre à la problématique actuelle, laquelle ne se règlera pas en quinze jours, estime Fred Dijoux. On attend que ce travail soit mené en parallèle avec l'expertise mandatée par le CHS-CT (Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail)".

Réclamée depuis des mois par les syndicats CGT et Sud, cette expertise a finalementé été votée lors le 5 mars par les autres syndicats. Menée par un cabinet agréé par le ministère du Travail, cette expertise aura pour mission, par une analyse de la vie au travail au Technocentre, de proposer des conseils de prévention au CHS-CT de Renault Guyancourt.


La Sécu conclut à l'absence de preuve sans enquêter
Un ingénieur de Renault à Guyancourt s'est suicidé le 20 octobre 2006 en se jetant du cinquième étage du bâtiment principal du Technocentre. Il avait 39 ans. Sa mort n'a pas été considérée comme un accident du travail par la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM). "Il n'existe pas de preuve que l'accident invoqué se soit produit par le fait ou à l'occasion du travail", écrit-elle dans une copie de l'avis de refus de prise en charge adressé à l'épouse de l'ingénieur et que publie Le Monde du 19 mars. Or, selon ce journal, la CPAM a rendu son avis avant même d'avoir commencé son enquête. Et va procéder au réexamen complet de ce dossier.

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