Visite indiscrète dans les locaux de la DST

Derrière le banal immeuble ressemblant au siège d'une grande entreprise, avec ses portillons tournant de plexiglas assez bas, sont installés depuis septembre deux des services de renseignements français les plus mythiques : la direction centrale des renseignements généraux (DCRG) et la Direction de la sécurité du territoire (DST).

L'immeuble du service de renseignement affiche l'image banale des locaux d'une grande entreprise. Mais combien de secrets recèlent les vieilles armoires datant de Mathusalem ?

Ne serait ce que les grilles de fer vert, c'est un immeuble de bureaux comme il en existe tant rue de Villiers à Levallois, presque semblable à celui de PriceWaterhouseCoopers qui lui fait face. J'entre et encore c'est la banalité faite siège de grande entreprise, avec ses portillons tournant de plexiglas assez bas. C'est pourtant là que se sont installés en septembre deux des services de renseignements français, et les plus mythiques : la Direction centrale des renseignements généraux (DCRG) et la Direction de la sécurité du territoire (DST). Cette installation est la première étape de leur rapprochement ou de leur fusion, c'est selon.

Le premier immeuble qui donne sur la rue est réservé à la DCRG. Le second, masqué, est occupé par les agents de la DST. Au total, deux immeubles d'une dizaine d'étages chacun et 30.000 mètres carrés, dont le réaménagement a coûté quelque 200 millions d'euros

Les ascenseurs gris fer me conduisent dans des couloirs où traînent encore les vieux bureaux et fauteuils venus de la rue Nélaton où logeait la DST. Dans les bureaux des contre-espions de la DST, les tables de travail sont vides de tout papier. Peut être imagine-t-on que je pourrais tirer des conclusions trop rapides d'une lettre ou d'un rapport entrevu ? Juste une armoire blindée datant de Mathusalem, mais dont les serrures brillent d'un éclat moderne, reste ouverte, dévoilant des dossiers dont on se demande quels secrets ils recèlent.

A l'étage du grand patron, le tableau vert qui encadre les photos des directeurs successifs de la DST depuis la guerre a toujours ce petit air penché qu'il avait déjà à Paris. Je passe devant le bureau de l'attaché scientifique, un général, de l'attaché diplomatique, un membre du Quai d'Orsay, du directeur adjoint, de la directrice de cabinet, une ancienne des RG, finement recrutée pour préparer la fusion ou le rapprochement, c'est selon. En face, le nouveau directeur des relations internationales, poste clé de contact avec tous les services de renseignements étrangers. Et tout au fond, j'entre dans le grand bureau de Bernard Squarcini, ouvert sur les toits et les tours de la région parisienne. Ici la table de travail est couverte de petits papiers retenus par des médailles. Une pile de livres, dont "l'Atlas de l'islam radical", LCI dévide ses informations sans le son.

Les souvenirs de la rue Nélaton ont survécu au déménagement. Le musée du contre espionnage a été pieusement réinstallé avec ses vieux livres reliés de toile noire qui contiennent la liste, avec photo, de tous les agents allemands qui ont traqué les résistants durant la deuxième guerre mondiale. Plus que la lutte contre l'URSS, la première mission de la DST a été la traque des tortionnaires. Dont certains se sont reconvertis. Les cellules ont été installées "ailleurs", dit-on. Sises au troisième sous-sol de l'ancien immeuble de la DST, elles avaient reçues les félicitations d'une délégation européenne de défense des droits de l'homme.

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