La Banque d'Angleterre relève ses taux à un plus haut depuis six ans

La Grande-Bretagne a remonté ce jeudi son taux directeur d'un quart de point pour adopter le niveau le plus élevé des pays développés, à 5,5%. Elle veut ainsi corriger une inflation bien supérieure à sa zone de confort. Les années Blair auront été marquées à la fois par la prospérité et la maîtrise de l'inflation.

C'est un plus haut depuis avril 2001. Comme s'y attendaient la totalité des 61 économistes interrogés par l'agence Bloomberg, la Banque d'Angleterre (BoE, Bank of England) a relevé d'un quart de point à 5,5% son taux directeur. C'est le loyer de l'argent le plus cher des grandes économies développées, devant les 5,25% des Etats-Unis (lire ci-contre), 4,25% du Canada, 3,75% en zone euro et 0,5% du Japon.

Le gouverneur de la BoE, Mervyn King, avait préparé le marché à ce geste en promettant la semaine dernière un retour de l'inflation dans les clous de la fourchette tolérée, c'est-à-dire en deçà de 2%, dans un contexte de hausse de l'immobilier, d'un marché du travail au meilleur de sa forme et du boom des services financiers londoniens. L'inflation a gagné 3,1% en mars et la croissance économique a atteint 0,7% au premier trimestre, au même rythme que les deux trimestres précédents. L'an dernier, le PIB a grimpé de 2,8%, un plus haut depuis 2004, et la banque centrale s'attend à une croissance de 3% cette année.

Un quart des économistes s'attendent à un autre tour de vis qui porterait le taux à 5,75% d'ici la fin de l'année. "Les risques inflationnistes restent très fort", indique Alan Castle, économiste chez Lehman Brothers, interrogé par l'agence Bloomberg à Londres. "Nous anticipons un taux à 5,75% en août", poursuit-il. Sur les marchés à terme, les investisseurs prévoient eux aussi une nouvelle hausse avant fin septembre.

La spéculation sur ces nouveaux tours de vis de la BoE a propulsé la livre à 2,0133 dollars le 18 avril, un plus haut depuis un quart de siècle. La devise britannique a ensuite reculé, à 1,9934 dollar aujourd'hui. Résultat de cette tendance haussière, la compétitivité des produits britanniques s'érode. Publié ce jeudi matin, le déficit de la balance commerciale s'est établi à 7 milliards de livres (environ 10,5 milliards d'euros) en mars, après 6,9 milliards au mois de février, selon les chiffres communiqués jeudi par l'Office des statistiques nationales (ONS).

Depuis l'entrée en fonction en 1997 du Premier ministre Tony Blair, qui devrait annoncer son départ aujourd'hui, l'économie a enregistré 40 trimestres de croissance consécutifs, et l'inflation n'a jamais été aussi maîtrisée pendant une décennie entière depuis la seconde guerre mondiale.

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