François Fillon inquiet pour la croissance en 2008

Le Premier ministre, dans une interview accordée ce lundi aux Echos, estime que la croissance économique en 2007 sera de 1,9% mais exprime des inquiétudes pour l'année prochaine. Il indique que toutes les grandes réformes économiques et sociales seront lancées d'ici fin 2008 et avertit que l'Etat actionnaire fera tout pour dissuader EADS de délocaliser sa production.

François Fillon s'attend à une croissance économique de 1,9% cette année, chiffre proche rappelle-t-il de la "fourchette basse" des prévisions du gouvernement, mais exprime des inquiétudes pour 2008. "Pour 2007, je n'ai pas d'inquiétude. Je pense que nous serons à 1,9%, très près de l'objectif de 2% qui était la fourchette basse de nos prévisions", dit le Premier ministre dans une interview accordée ce lundi au quotidien Les Echos. Pour l'année prochaine, en revanche "les incertitudes sont plus fortes", ajoute-t-il. "Elles tiennent au niveau du dollar, au prix du baril de pétrole et aux répercussions de la crise du subprime sur la croissance américaine", explique le chef du gouvernement.

Par ailleurs, François Fillon annonce qu'un projet de loi sur la réforme du marché du travail sera déposé "dès février". Il estime que "la négociation sur le contrat de travail sera achevée comme prévu à la fin de l'année, même si nous ne sommes pas à quinze jours près", notant d'ores et déjà "des avancées très sérieuses sur les conditions de rupture du contrat, sur le contrat de mission et sur la sécurité professionnelle".

"La conférence sur l'agenda social que Nicolas Sarkozy ouvrira le 19 décembre permettra d'examiner de nouvelles réformes sociales et de répartir les responsabilités entre l'Etat et les partenaires sociaux", ajoute-t-il. "A l'issue de la réunion et au vu de leurs propositions, j'adresserai un nouveau mandat aux partenaires sociaux, sans doute en leur demandant d'ouvrir des négociations sur la formation professionnelle et sur l'assouplissement des 35 heures par accord d'entreprise", dit-il.

"Nous avons aussi confié au conseil d'orientation de l'emploi le soin de débattre de la conditionnalité des allègements de charges", indique le chef du gouvernement. Concernant la réforme hospitalière, le chef du gouvernement précise qu'"au début janvier, Roselyne Bachelot lancera les Etats généraux de l'organisation de la santé, avec mission de présenter un projet de loi sur l'accès aux soins avant l'été". Globalement, François Fillon estime que "l'essentiel" des réformes économiques et sociales "sera lancé en 2008".

Le Premier ministre a aussi assuré que le gouvernement envisageait de supprimer dès 2009 un poste de fonctionnaire sur deux partant à la retraite. "Nous faisons tout pour que ce soit un sur deux en 2009", affirme François Fillon, interrogé sur le non-remplacement d'un fonctionnaire sur trois partant à la retraite en 2008. "Nous sommes aussi en train de remettre à plat l'ensemble des dépenses publiques à travers la révision générale des politiques publiques: tous les instruments pour obtenir le retour à l'équilibre des finances publiques en 2012 sont à l'oeuvre", ajoute-t-il.

Le gouvernement a annoncé la suppression de 22.921 postes de fonctionnaires en 2008, soit un départ à la retraite sur trois non remplacé. Il prévoyait jusqu'à présent d'atteindre l'objectif d'un non remplacement sur deux d'ici la fin du quinquennat.

Enfin, sur les projets de délocalisation d'EADS d'une partie de sa production, François Fillon répond que l'Etat français (actionnaire à hauteur de 15% d'EADS, maison mère d'Airbus) fera tout pour dissuader l'avionneur européen de mettre en place son projet. "Le gouvernement est très conscient des problèmes que pose le niveau de l'euro à la filière aéronautique", explique-t-il.

"Le chef de l'Etat n'a cessé de tirer la sonnette d'alarme auprès de nos partenaires et des autorités monétaires", rappelle François Fillon dans cet entretien. "Pour autant, Airbus ne surmontera pas cette difficulté en délocalisant", estime-t-il. "On ne répond pas à un problème purement conjoncturel par des décisions stratégiques qui engagent le long terme. La France et l'Allemagne ont lourdement investi dans Airbus, ce n'est pas pour le voir partir par morceaux vers la zone dollar", dit-il.

Des déclarations qui vont à l'encontre de celles faites dimanche soir par Arnaud Lagardère, dont le groupe éponyme est présent dans le capital d'EADS. Interrogé lors du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, il a qualifié la perspective de délocalisations, présentée récemment par le président exécutif d'EADS, Louis Gallois, comme une nécessité en raison de la baisse du dollar par rapport à l'euro, comme une "décision ferme".

"Je ne crois pas que les délocalisations, telles en tout cas que les entend Louis Gallois, aillent à l'encontre des intérêts d'EADS sur son moyen et sur son long terme. L'Etat ne peut aller contre les intérêts à moyen et à long terme d'EADS", a déclaré Arnaud Lagardère.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.