Les droits syndicaux bafoués dans de nombreux pays de l'Union européenne

La Confédération syndicale internationale (CSI) dénonce l'irrespect des normes de travail dans de nombreux pays de l'Union européenne, en particulier en Europe de l'Est. Les femmes restent victimes de fortes discriminations et l'âge minimum légal n'est souvent pas respecté.

Le rapport de la Confédération syndicale internationale (CSI) est formel : les normes fondamentales du travail sont respectées en droit mais pas toujours en fait dans les 27 Etats membres de l'UE, surtout quand il s'agit des femmes ou des enfants. Dans ce rapport réalisé à l'occasion de "la révision des politiques commerciales de l'UE par l'Organisation mondiale du commerce (OMC) les 26 et 28 février", la CSI, qui regroupe quelque 300 syndicats de plus de 150 pays, fait un état des lieux.

Elle révèle qu'en matière de libertés syndicales, de négociation collective, d'égalité - notamment de rémunération entre hommes et femmes -, de travail des enfants ou de travail forcé, la loi est encore loin d'être respectée. Pourtant, rappelle l'organisation dirigée par Guy Ryder, les 27 Etats membres ont tous ratifié les "huit conventions de l'Organisation internationale du travail (OIT) sur les normes fondamentales du travail", à l'exception de l'Estonie et de la République tchèque.

Mais en pratique, si les droits syndicaux sont respectés "dans la majorité des Etats membres", la CSI déplore des "violations" des libertés syndicales, notamment "dans certains des nouveaux Etats membres". La confédération perçoit les "problèmes les plus flagrants" en Bulgarie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République tchèque, Roumanie et Slovaquie, mais aussi en Allemagne où certains fonctionnaires "n'ont pas le droit de faire grève".

En Bulgarie, "des militants ou membres de syndicats ont été mutés, rétrogradés ou licenciés". En Pologne, la CSI pointe "des intimidations et ruptures de contrat de travail sans préavis" à l'encontre de syndicalistes. En Roumanie, "les employeurs les plus ouvertement anti-syndicaux - le plus souvent des entreprises étrangères - imposent comme condition au recrutement" l'interdiction d'adhérer à un syndicat.

Concernant l'égalité hommes-femmes, le rapport constate "une grande différence entre loi et pratique" dans tous les Etats membres, où "les femmes gagnent jusqu'à 40% de moins que leurs collègues hommes" et sont victimes d'un "taux de chômage plus élevé". La discrimination économique contre les femmes est "aiguë dans certains pays d'Europe orientale, où les écarts salariaux dans le secteur public sont souvent supérieurs à ceux du privé", poursuit la CSI. Le rapport évoque le problème du harcèlement sexuel, "très étendu" en Hongrie par exemple, où les femmes le tolèrent "dans la pratique, par crainte du chômage".

La CSI souligne enfin la discrimination "contre les minorités ethniques, en particulier contre la communauté rom" qui est davantage touchée par le chômage. Elle constate que le travail des enfants est une réalité "dans presque tous les Etats membres" et que des "violations de l'âge légal minimum" pour travailler ont été constatées, au-delà de l'économie informelle, agricole ou familiale, en Bulgarie, Pologne, Roumanie, Italie et Portugal. "Dans pratiquement tous les Etats membres de l'UE, la traite des êtres humains à des fins d'exploitation sexuelle constitue (...) un problème", affirme en outre le rapport. La CSI ajoute que certains pays de l'UE, comme la Hongrie, "obligent les prisonniers à travailler", ce qui viole une convention de l'OIT.

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