Affaire Smoby-Majorette : l'ex PDG se défend

L'ancien patron du groupe de jouets, Jean-Christophe Breuil, soupçonné de malversations, s'est estimé vendredi victime d'une "campagne de manipulation".

L'ancien PDG de Smoby-Majorette, Jean-Christophe Breuil, soupçonné de malversations, s'est estimé vendredi victime d'une "campagne de manipulation" de la part de personnes voulant "la mort" du fabricant de jouets français, en redressement judiciaire.

Le procureur de la République de Lons-Le-Saunier a ouvert mi-juillet une information judiciaire à l'encontre de M. Breuil, selon une source judiciaire contactée jeudi: le petit-fils du fondateur de l'entreprise jurassienne, numéro deux du jouet en Europe, est soupçonné d'avoir mis en place un système de détournements de fonds via des sociétés écrans étrangères.

Vendredi lors d'une conférence de presse, Jean-Christophe Breuil, aujourd'hui directeur marketing de la filiale européenne de l'américain MGA Entertainment, repreneur de Smoby au printemps, a répondu point par point à ces accusations.

Il s'est aussi dit victime d'une "campagne de manipulation", "comme par hasard juste avant Noël", période pendant laquelle Smoby réalise 60% de ses ventes. "Très affecté", il s'est demandé "à qui profite, et qui veut la mort de Smoby".

Le tribunal de commerce de Lons-le-Saunier a placé Smoby en redressement judiciaire le 9 octobre, désavouant du même coup l'action du groupe de jouets MGA.
Pour sortir de cette procédure, deux solutions désormais: la présentation par MGA et d'éventuels nouveaux actionnaires d'un "plan de continuation", ou la mise en place d'un "plan de cession" des actifs du groupe. En fait un démantèlement.

"Aujourd'hui un nouvel actionnaire peut éventuellement se présenter et prendre une position dans le groupe. J'imagine qu'il y a bien une stratégie derrière tout ça", a estimé M. Breuil, sans identifier les éventuels comploteurs.
Revenant sur chaque accusation, il a d'abord démenti l'existence de sociétés basées aux Caraïbes, dans l'Ile de Man et en Suisse. Selon Le Figaro de jeudi, ces sociétés étaient propriétaires d'Effective Label Limited, qui achetait des jouets en Chine avant de les revendre à Smoby moyennant 6% de commission.
Effective Label Limited, une société de "trading", négociait les achats de jouets pour Smoby, une "pratique courante en Asie", a expliqué M. Breuil.

Les 6% de commission permettaient d'assurer les achats de jouets et les frais de fonctionnement du bureau chinois.
Quant à la société néerlandaise Euro Toys, cliente de Smoby, elle assurait pour son compte la revente de fins de série à de grands distibuteurs, à des prix dégressifs, a indiqué l'ex-PDG. Là encore une pratique courante, selon lui.
Il a aussi confirmé l'existence, pour "70 cadres", de 18 cartes bancaires permettant de tirer de l'argent sur les comptes de l'entreprise. "Personnellement, j'en avais une", a-t-il reconnu, précisant que chaque dépense devait être justifiée par une note de frais.

Evoquant l'avenir de Smoby, l'ex-PDG s'est prononcé en faveur d'un plan de continuation, et d'une solution qui "permette de sauvegarder le plus d'emplois possibles".

Le groupe, 349 millions d'euros de chiffre d'affaires, reste étouffé par une dette de 276,7 millions d'euros. Au cours de son exercice 2005-2006, clos fin mars, il a même accusé une perte nette de 25,7 millions d'euros.
Dans ce contexte, certains représentants syndicaux se sont dits jeudi "pas surpris" par l'ouverture d'une information judiciaire contre un ancien dirigeant. Aucun n'avait pu être joint vendredi après-midi.
Smoby-Majorette emploie 2.750 salariés dans le monde, dont 1.300 en France.

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