L'alerte cyclonique rouge, qui interdit aux Réunionnais de circuler et de quitter leur "case", a été levée mercredi à 8 heures (locales) alors que le cyclone Gamède s'éloigne de l'île, comme le déclare la préfecture. Cette alerte est suivie d'une phase de "prudence" qui indique que la "menace cyclonique est écartée" mais qu'il "reste des dangers." A l'heure actuelle, deux personnes sont décédées et quatre-vingt-dix ont été blessées dont trois grièvement. De plus, mille personnes ont été hébergées dans des centres de secours, dont environ trois cents passagers d'un avion charter allemand qui était censé se rendre à Maurice.

Mardi soir, le cyclone dévastateur est passé, pour la seconde fois en trois jours, près des côtes de l'île. Au Tampon, dans le sud, une automobiliste de 44 ans a été tuée au volant de sa voiture par les crues d'une rivière. "La tendance est à l'amélioration progressive du temps" a indiqué Olivier Cabanes, de Météo-France, en annonçant une atténuation des "vents et de la pluie".

En métropole, le gouvernement se mobilise. Mardi, Jacques Chirac a assuré aux habitants de l'île que "la Nation tout entière est à leurs côtés dans cette nouvelle épreuve". Dans un communiqué de l'Elysée, le président de la république a indiqué qu'il est en "contact permanent" avec le ministre de l'Outre-Mer, François Baroin.

Ce dernier est arrivé sur place mardi et doit se rendre dans le sud de l'île, où un pont s'est effondré. Le ministre de l'Outre-Mer a déclaré que l'Etat prendrait à sa charge la construction du nouveau pont sur la rivière Saint-Etienne, dont le coût est évalué à "20 millions d'euros", selon une source proche du ministère. De son côté, Michèle Alliot-Marie a décidé mardi d'envoyer des militaires et du matériel pour venir en aide aux sinistrés.

Mercredi matin, on totalisait 75.000 foyers privés d'eau, principalement dans le sud, et 30.000 d'électricité. Une équipe d'une soixantaine de personnes de la sécurité civile est attendue de métropole, ce mercredi, pour aider au rétablissement du réseau d'eau.

La catastrophe naturelle de dimanche a provoqué des dégâts considérables au sein de l'île. A Saint-Louis, le pont de la rivière Saint-Etienne, d'une longueur de 520 mètres, n'est plus qu'un tas de ferrailles et de béton. Il s'est affaissé, dimanche au lever du jour, après la rupture d'un barrage naturel, qui a endommagé un de ses piliers.

Pour le maire de Saint-Louis, Cyrille Hamilcaro, c'est "une catastrophe qui pertubera sérieusement l'activité économique du sud". En effet, le pont est fréquenté par 50.000 personnes par jour. Cette liaison routière, à deux voies à sens unique, permettait de circuler entre le Nord et le Sud de La Réunion. Le préfet de l'île, Pierre-Henry Maccioni, a indiqué qu'il "faudra au moins deux ans" avant de reconstruire le pont et a annoncé des mesures d'urgence afin que le Sud ne soit pas coupé du reste de l'île.

Autre sujet d'inquiétude, les dégâts aux cultures provoqués par la pluie et les vents sont "considérables", selon le président de la Confédération générale des planteurs et éleveurs de La Réunion (CGPER), Jean-Yves Minatchy. Selon lui, la canne, les cultures maraîchères et fruitières, principalement les bananeraies, ont le plus souffert du cyclone.

Gamède se trouverait à l'heure actuelle à 410 kilomètres au sud-ouest de La Réunion après être passé, pour la seconde fois, au plus près de l'île à environ 250 kilomètres des côtes ouest. Selon un bilan de la préfecture, ce deuxième passage aurait engendré beaucoup moins de dégâts que lors du premier, dimanche au lever du jour.