Les hommes du futur président

Avec "Bobby", Emilio Estevez brosse un superbe portrait des Etats-Unis des années 1960, en résonance avec l'Amérique d'aujourd'hui.

Il a fait le bonheur des adolescentes des années 1980 en se produisant dans des comédies romantiques à succès. Emilio Estevez s'impose aujourd'hui comme réalisateur, brillant. En témoigne son dernier film "Bobby", dont le titre fait référence à Robert Kennedy.

Tout commence au matin du 4 juin 1968. L'Hôtel Ambassador de Los Angeles s'apprête à accueillir Bobby Kennedy (il n'apparaîtra jamais à l'écran) pour célébrer sa probable victoire aux élections primaires. Nul ne sait qu'il sera assassiné le soir même. En attendant, le lieu grouille de monde. Le directeur de l'hôtel, progressiste, met tout en oeuvre pour permettre à ses employés latinos d'aller voter.

Sa femme (Sharon Stone) tient quant à elle le salon de coiffure de l'hôtel où défile notamment une jeune fille (Lindsay Lohan) décidée à épouser l'un de ses copains (Elijah Woods) pour lui éviter le Vietnam. Autre cliente, la chanteuse Virginia Fallon (Demi Moore), rongée par l'alcool. Dans les étages, l'équipe de campagne du candidat, composée de jeunes Noirs et de jeunes Blancs, s'active. A quelques chambres de là, un hippy complètement défoncé deale tranquillement marijuana et LSD. Sans oublier cette journaliste tchèque dont tout le monde se fout. La Tchécoslovaquie, c'est communiste et c'est loin, même si elle aspire à un socialisme à visage humain.

Avec une maestria empruntée à Robert Altman, Emilio Estevez croise une dizaine de destins pour construire un film choral des plus passionnants. Pour ce faire, l'ancien acteur a réuni une impressionnante brochette de comédiens. Mieux encore. Il permet à nombre d'entre eux, abonnés aux mauvais films depuis longtemps, d'offrir ici la preuve de leur incroyable talent. Sharon Stone n'a jamais été aussi bonne depuis "Casino" de Martin Scorcese. Et Demi Moore se voit enfin offrir un rôle digne de ce nom.

A travers leur personnage, remarquablement croqué, Estevez brosse un extraordinaire portrait des Etats-Unis de ces années-là. Guerre du Vietnam, drogue, racisme, manque d'intérêt pour ce qui se passe à l'étranger. Autant de thèmes ici abordés. Et aujourd'hui encore d'une criante actualité.

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