La politique du logement ne répond pas aux besoins sociaux, selon la Fondation Abbé Pierre

Le budget logement des ménages en France n'a jamais été aussi élevé, représentant jusqu'à 50% des ressources des plus modestes. Or, seuls 41% des logements contruits en 2006 sont accessibles sous condition de ressources ou à des loyers inférieurs à ceux du marché, selon le rapport 2007 de l'association.

La crise du logement se porte bien en France, et on voit mal comment elle pourrait se résoudre dans un avenir proche. D'une part, le nombre de personnes sans logement du tout ou sans logement personnel (camping, mobile-home, hôtel, cabanes, etc.) ou vivant dans des conditions de logement très difficiles (pas de confort minimum, surpeuplement accentué) ne diminue pas, au contraire. La Fondation Abbé Pierre évalue dans son rapport 2007 à 3.261.600 le nombre de personnes connaissant "une problématique forte de mal-logement", en légère progression par rapport à l'année dernière. D'autre part, l'écart entre le coût des logements construits et les revenus de la majorité des ménages n'a cessé de s'accroître depuis 2000.

"Jamais si peu de produits nouveaux destinés à des ménages à revenus modestes n'auront été présentés sur le marché" qu'en 2005 et 2006, souligne la Fondation Abbé Pierre dans son rapport. Ainsi, la part des logements mis en chantier qui seront attribués sous condition de ressources ou à des loyers inférieurs au marché est passée de 67% en 2000 à 41% en 2006. Dans le même temps, le nombre de logements construits destinés à des ménages pouvant se loger sans aide est passé de 100.000 en 2000 à 260.000 en 2006, soit plus du double. Or, une telle mutation dans l'offre nouvelle de logements ne correspond pas aux revenus tels qu'ils se répartissent aujourd'hui, puisque près de la moitié des salariés du privé gagnent moins de 1.400 euros nets par mois et la moitié des ménages ont un revenu inférieur à 2.050 euros par mois, rappelle l'association.

Il en résulte que moins d'un quart de la construction neuve (22,7% en 2005) est aujourd'hui réservée aux deux tiers des ménages en France. "La politique du logement menée ces dernières années vise seulement la partie supérieure des couches moyennes en laissant croire qu'elle s'adresse à tous", déplore la Fondation Abbé Pierre. Le budget que les ménages consacrent aujourd'hui pour se loger a atteint un niveau historique en 2005 à 24,7% des ressources en moyenne. La situation est encore plus grave pour les plus modestes d'entre eux, dont certains dépensent la moitié de leur revenu pour se loger. Or, note le rapport, l'effort financier de la collectivité publique est quasiment "à son niveau le plus bas depuis trente ans".

Afin d'enrayer la crise du logement, et rendre effectif le droit au logement actuellement en discussion au Parlement, la Fondation Abbé Pierre propose "un engagement financier de la collectivité au-dessus de 2% du PIB", contre 1,82% aujourd'hui. Elle juge par ailleurs nécessaire de "développer massivement" l'offre de logements réellement sociaux: sur les 800.000 logements manquants, 500.000 à vocation sociale devraient être construits, estime-t-elle. Favoriser l'accès et le maintien dans leur logement des ménages les plus modestes comme le réclame l'association passe par une refonte des aides personnelles au logement, afin qu'elles retrouvent "leur rôle de solvabilisation des ménages modestes". Et pour que le droit opposable au logement ne se réduise pas "à un simple slogan", elle préconise des "mesures coercitives" comme le triplement des contributions financières de solidarité pour les communes qui ne respectent pas leurs obligations de constructions de logement sociaux, conformément à la loi SRU de 2000, dont la Fondation Abbé Pierre propose qu'elle soit étendue à toutes les intercommunalités de 50.000 habitants.

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