Coup d'arrêt à l'union entre MAN et Scania

Compte tenu de l'opposition totale du président du constructeur de camions suédois, Volkswagen a renoncé à imposer un mariage rapide entre MAN, Scania et sa division camions. Les conditions du marché ne sont pas favorables au projet. Le dossier ne devrait pas être rouvert avant 2009.

Le mariage entre MAN, Scania et les camions de Volkswagen qui doit donner naissance au numéro un européen du camion devrait durer beaucoup plus longtemps que certains ne l'avaient imaginé. Un an tout juste après le lancement raté de l'OPA du constructeur bavarois sur son homologue suédois, un rapprochement rapide entre les deux groupes est désormais exclu.

Quelques rencontres ont eu lieu récemment entre Hakan Samuelsson, le président de MAN et Leif Östling, le président de Scania, indique t-on dans les milieux bien informés. Mais les conditions posées par le Suédois, exigeant notamment que le siège de la future entité qui chapeaute l'ensemble des activités camions soit basé en Suède, sont jugées inacceptables côté allemand.

Tant que Leif Östling tiendra le volant, aucun accord n'est envisageable, est-on désormais convaincu à Wolfsburg comme à Munich. Ferdinand Piëch, le président du conseil de surveillance de Volkswagen premier actionnaire des deux groupes, n'a jamais été favorable aux opérations inamicales. Et il a toujours su faire preuve de patience pour arriver à ses fins.

Lorsqu'en 2000, alors qu'il était encore président du directoire de Volkswagen, il s'est décidé à monter dans le capital de Scania (avec 34% des droits de vote), Ferdinand Piëch songeait déjà à la création d'une grosse division camion sur le modèle de Mercedes. Aujourd'hui Volkswagen est puissant sur le segment des camionnettes et produit des camions de gros tonnages au Brésil. Mais sa filiale reste trop petite pour avoir une chance à terme.

Mais Scania a toujours bloqué la moindre coopération. Entre temps,Volkswagen a récupéré 29,9% du capital de MAN (35% des droits de vote). Et il dispose aujourd'hui de 36% des droits de vote chez Scania, soit assez pour être maître du jeu. Dans le cadre de son OPA raté sur Scania, MAN a, de son côté, accumulé 14,8% des droits de vote de son concurrent suédois.

Au total, le constructeur bavarois et sa maison-mère auraient donc la majorité requise pour imposer leur volonté au deuxième actionnaire, la famille Wallenberg. Mais Volkswagen refuse de passer en force.

Bien que récusant l'offre de MAN, Scania a toujours reconnu la logique d'un tel mariage, et notamment les fortes synergies qui en découlerait. Sauf que le dynamisme actuel du marché rend le montage financier plus délicat. Le cours de Scania a progressé moins vite que celui de Man. Le blocage tient aussi à des questions d'honneur : le Suédois n'entend pas faire changer de pavillon une entreprise qui réussit.

Hakan Samuelsson avait proposé au printemps de regrouper les deux groupes sous une holding de droit européen dont le siège social serait situé dans un pays tiers, vraisemblablement aux Pays-Bas pour profiter des avantages fiscaux. Dans un deuxième temps, la division camions de Volkswagen serait intégrée à la nouvelle structure, qui pourrait prendre le nom de Scania-MAN SE, indique t-on de source proche du groupe.

La holding serait organisée en deux divisions, l'une pour les camions et l'autre baptisée Energie-power qui regrouperait le reste des activités de MAN dans la construction mécanique et les moteurs diesel.

Hakan Samuelsson était prêt à assurer également que les trois marques conservent leur indépendance et leurs circuits de distribution, l'essentiel des synergies étant dans le développement des nouvelles générations de produits sur une plate-forme commune, dans la technique et les achats.

Mais Leif Östling s'oppose à ce schéma. Martin Winterkorn, le président de Volkswagen, comme Wendelin Wiedeking, le patron de Porsche qui contrôle le premier constructeur européen, en ont donc tiré les conséquences, laissant entendre en début de semaine à Francfort lors du salon de l'automobile que le projet était gelé pour quelque temps.

Une deuxième gifle pour le patron de MAN après l'OPA raté du début d'année. Il n'a plus désormais qu'à se concentrer sur ses activités. Reste l'âge du capitaine : le patron de Scania a dépassé la soixantaine. Certains espèrent ainsi qu'une fois sa succession réglée le dossier pourra être rouvert. Au mieux visiblement en 2009.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.