Les compagnies aériennes cherchent à lutter contre leurs émissions de carbone

L'association internationale du transport aérien vise une réduction carburant de 25% d'ici à 2020. Elle a déjà diminué de 70% depuis 1950. Pour autant, ceci est insuffisant pour compenser l'augmentation des émissions de dioxyde de carbone en raison de la forte hausse du trafic.

Montrées du doigt, les compagnies aériennes ne fuient pas leurs responsabilités face au réchauffement climatique. Même si elles ne représentent que 2% des émissions de dioxyde de carbone (CO2), "l'aviation doit réagir de manière responsable", a déclaré vendredi à Cannes Giovanni Bisignani, directeur général de l'association internationale du transport aérien, (Iata). Il s'exprimait à l'occasion du World Air transport Forum.

"Les compagnies aériennes investissent des milliards de dollars pour renouveler leur flotte", a-t-il expliqué pour témoigner de leur engagement à la cause environnementale. Un phénomène fortement aidé par l'équation économique que pose un baril de pétrole à plus de 80 dollars. Alors que la consommation de carburant par passager aux 100 kilomètres a chuté de 70% en depuis les années 50 pour se situer en moyenne "à 5 litres aux 100, l'objectif est de l'Iata est la réduire de 25% supplémentaires d'ici à 2020. Les nouveaux appareils comme l'Airbus A380 ou le Boeing 787 se situe en dessous de 3 litres aux 100 kilomètres par passager. Ceci grâce à l'utilisation à forte dose de matériaux composites (pour le 787 et l'A350), beaucoup plus légers que l'aluminium.

Pour autant, ces efforts ne permettent pas de compenser la hausse du trafic en moyenne de 5% par an. Et si l'aérien ne devrait représenter que 3% des émissions de CO2 en 2050, le volume de ses émissions va continuer à croître. "Elles pourraient en effet augmenter de 3% par an d'ici à 2050", explique Lionel Guérin, président de la Fédération nationale de l'aviation marchande.

Aussi, Giovanni Bisignani a-t-il rappelé ses objectifs: réduire les émissions à moyen-terme et les supprimer d'ici à une cinquantaine d'années, grâce à toute une série de moyens comme l'utilisation d'énergie moins polluantes que le kérosène. Il pousse tous les acteurs (Etats, avionneurs, motoristes...) à agir. Les avionneurs et les motoristes ont déjà répondu en lançant pour Airbus, l'A380 et demain l'A350, et pour Boeing le B787 et le 747-8. L'autre avancée proviendra vers 2015 du lancement par les deux constructeurs d'une nouvelle génération d'avions moyen-courriers, qui pourraient réduire la consommation de 20% par rapports aux A320 et 737.

Les Etats sont dans le viseur de l'Iata. Plutôt que d'imposer des taxes verte, comme l'a fait le Royaume-Uni au début de l'année, l'Iata demande aux Etats d'améliorer leurs services de contrôle aérien. En Europe, où la gestion du ciel est assurée par 34 centres de contrôle différents, 12 millions de tonnes de CO2 sont gaspillés en raison de l'inefficacité du contrôle aérien, selon l'Iata "C'est hypocrite de faire payer les compagnies pour les émissions sans chercher à mettre de la confusion qui règne dans le ciel", tempête Giovanni Bisignani. Un ciel unique depuis quinze ans a toujours été repoussé aux calendes grecques. Il devrait enfin voir le jour vers 2020.

Giovanni Bisignani a également critiqué le système d'échange d'émissions prévu par Bruxelles pour les vols intra-européens en 2011, et à tous les autres en 2012. Il risque en effet d'entraîner des problèmes commerciaux et diplomatiques. Nécessitant le feu de l'organisation internationale de l'aviation civile (OACI) pour s'appliquer à tous les transporteurs de la planète, le projet de Bruxelles a été rejeté récemment lors de l'assemblée générale de l'OACI.

Pour autant, plusieurs compagnies y sont favorables. Air France-KLM notamment. "Ce système est plus efficace qu'une taxe", rappelle Pierre Caussade, responsable des questions environnementales chez Air France. En effet, un tel système a l'avantage pour une compagnie de n'être taxée que sur une partie de sa consommation de kérosène et non sur sa totalité dans le cas d'une taxe.

Fabrice Gliszczynski

Grenelle de l'environnement: l'aérien évite les taxes
Pour lutter contre la pollution du transport aérien, les avancées technologiques ont été préférées aux taxes dans le dernier document de travail présenté mercredi par le ministère de l'Ecologie en vue de la table ronde finale du Grenelle de l'environnement la semaine prochaine. Ce document suggère d'accélérer la modernisation des flottes avec de nouveaux avions plus écologiques. Au delà des engagements volontaires, des incitations fiscales ou tarifaires pourraient être envisagées pour encourager les compagnies à utiliser des avions récents" telles qu'une modulation des redevances aéroportuaires ou l'attribution prioritaire de créneaux horaires aux "avions propres", selon ce texte. De même, une modernisation des systèmes de contrôle aérien permettrait de fluidifier le trafic et d'optimiser les routes aériennes. La réduction moyenne d'une minute du temps de roulage de chaque avion au départ sur une plateforme permettrait d'économiser 10.000 tonnes de CO2 par an.Favoriser les interconnexions TGV/aéroports et améliorer la desserte terrestre des aéroports par les transports collectifs figurent parmi les autres pistes. (avec AFP)

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