Après un hiver exceptionnellement chaud, le printemps s'annonce de la même veine

Ceux qui se précipitent en terrasse aux premiers rayons de soleil pour picorer quelques UV vont avoir de quoi se réjouir. Les climatologues moins. Après un hiver considéré comme le plus doux depuis cinquante ans, le printemps s'annonce lui aussi plus chaud que la normale. Des conditions climatiques qui modifient les habitudes de consommation de la population et inquiètent scientifiques et agriculteurs.

Le réchauffement climatique, star des médias depuis quelques mois, n'en finit pas d'affoler les thermomètres en cette fin d'hiver à la douceur inhabituelle. Ces trois dernier mois, les températures ont été en moyenne supérieures de 2,1 degrés à la normale saisonnière. Globalement, au niveau de la planète, les températures enregistrées entre décembre et février ont été les plus élevées jamais répertoriées, avec une température moyenne supérieure de 0,72 degrés à la moyenne du XXe siècle, selon l'Administration américaine océanique et atmosphérique. Il s'agit de la température moyenne la plus haute jamais enregistrée depuis que les relevés ont débuté, en 1880, en raison notamment d'un mois de janvier exceptionnellement chaud au niveau mondial, a précisé la NOAA.

Et d'après Michel Schneider, climatologue à Météo France, "on continue à s'orienter vers des températures plus chaudes que la normale". Le scientifique se garde bien de donner des prévisions au delà du printemps, qui devrait être "plus chaud que la normale" mais estime que "les températures qu'on a observées durant ces épisodes caniculaires (de 2003 et 2006) vont, à l'horizon 2010, devenir des températures fréquentes". Selon Météo France, le réchauffement de la planète se traduira même en France par une multiplication par dix du nombre de canicules à partir de 2070, soit un été sur deux comparable à 2003.

Déjà en ce mois de mars, les premiers symptômes de sécheresse menacent certains pays. En Espagne, la combinaison manque d'eau, températures élevées et vents forts a déjà provoqué une série d'incendies dans la région de Barcelone et de Valence. A Rome, des dispositions sont prises en ce moment pour affronter un printemps et un été sec. Et en France, les nappes phréatiques affichent un niveau bas, faute de précipitation à l'automne et l'hiver.

Stocks de doudounes sur les bras

Dans les milieux agricoles, l'inquiétude est montée d'un cran. Conséquence de ces températures anormalement élevées, certaines récoltes sont en avance. Les étals italiens proposent déjà les légumes de printemps et d'été en quantité abondante et les cultivateurs déplorent de grandes quantités d'invendus. En Allemagne, c'est l'orge qui est touché par la jaunisse nanisante, une des maladies les plus sévères pour les céréales.

Mais le réchauffement climatique n'inquiète pas que les cultivateurs, les scientifiques sont en première ligne et restent particulièrement attentifs à la fonte du Groenland, qui aurait de graves conséquences sur l'élévation du niveau de la mer et les courants marins, en particulier le Gulf Stream, ce courant chaud qui remonte l'Atlantique et tempère le littoral européen.

Que ceux qui croient que la hausse des températures ne les concerne pas se détrompent. Ces variations hors normes ont une incidence marquée sur le commerce. A commencer par le tourisme qui profite à fond du rallongement des saisons.

Les magasins de vêtements, eux, ont appris à s'adapter. Pour éviter de se retrouver avec des stocks de doudounes en duvet sur les bras à la fin de l'hiver, les commerçants réduisent leurs stocks au minimum à l'exemple des grandes chaînes afin de s'adapter au plus vite aux changements de températures. "En prévision d'un printemps précoce, les achats de grosses pièces ont été freinés et on a mis en place des collections plus légères", confirme Lucien Odier, président de la Fédération des enseignes de l'habillement, qui représente 40% du marché avec des chaînes comme Zara, Gap ou encore Celio.

Les magasins indépendants, eux, reconnaissent qu'ils sont "un peu perturbés" quand la saison est à l'envers, mais ils changent petit à petit leurs habitudes de gestion de stock. Avec des saisons qui jouent au yo-yo, Charles Melcer, président de la Fédération nationale de l'habillement, reste philosophe: "il y a toujours un coup de frein sur les achats avant les élections, car les gens pensent à autre chose".

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