La Poste dépasse largement ses objectifs

La Poste a dégagé en 2006 un bénéfice net de 789 millions d'euros, en hausse de 42%. L'établissement public a bénéficié du dynamisme de sa branche Express et de ses services financiers. La Poste confirme la mise en vente d'Europe Airpost, héritière de l'Aéropostale.

L'année 2006 aura été une année phare pour La Poste. Non seulement l'établissement public a lancé la Banque postale, mais il aussi affiché une nette croissance. De fait, La Poste a largement dépassé ses objectifs financiers avec un bénéfice net de 789 millions d'euros, en hausse de 42%, contre 700 millions initialement prévus. Le chiffre d'affaires a, lui, progressé de 4,3% à 20,1 milliards d'euros (+3% à périmètre comparable). Quant à la marge d'exploitation, elle est passée de 4% en 2005 à 4,7% en 2006.

La Poste a certes bénéficié d'un environnement fiscal favorable, puisque le dispositif Fillon d'allègement des charges sur les bas salaires lui a permis d'économiser 192 millions d'euros de cotisations. Mais ce n'est pas tout, d'autant plus que la réforme du financement des retraites lui a coûté 59 millions.

En fait, le groupe de Jean-Paul Bailly a surtout tiré les fruits de ses activités Express, colis et services financiers. Le segment Express-colis a de fait progressé de 13% alors que la Banque postale a vu son produit net bancaire augmenter de 6,3% grâce "au dynamisme des activités d'assurance-vie et prévoyance" et la hausse de 25% des crédits immobiliers consentis, précise l'organisme dans un communiqué.

Seule ombre au tableau, la faiblesse du premier métier du groupe, le courrier, qui représente 56,4% de l'activité, et qui a quasiment stagné (+0,7%), le volume de l'affranchissement ayant même légèrement reculé (-1,1%). "Malgré le tassement des volumes, l'activité courrier reste un contributeur important aux résultats du groupe, en raison de la politique de modernisation engagée", a souligné cet après-midi Jean-Paul Bailly, président du groupe La Poste, lors d'une conférence de presse qui succédait au conseil d'administration du groupe le matin même.

Dans la perspective de l'ouverture totale du marché à la concurrence en 2009 et pour atteindre son objectif de devenir l'un des premiers opérateurs européens en 2010, la Poste devra cependant poursuivre ses efforts de modernisation, sa marge d'exploitation restant par ailleurs inférieure à celle de ses concurrents.

Un chantier délicat car il ne pourra faire l'impasse sur le volet social. Le syndicat Sud-PTT, qui avait déjà lancé un mouvement de grève en octobre dernier pour la revalorisation des indemnités de nuit dans les centres de tri, pointe notamment du doigt la suppression de 6.000 à 8.000 emplois l'année dernière, "la modération salariale et des inégalités qui perdurent". Le syndicat attribue le résultat positif de la Poste aux cessions immobilières et à des reprises de provisions sur l'épargne logement. Selon Sud, "les charges sont toujours en pleine explosion" du fait du recours accru à la sous-traitance, à l'intérim et au plan Cap Qualité courrier, qui génère une "inflation du transport".

Pour Jean-Paul Bailly, il reste encore du chemin à parcourir, pour se rapprocher notamment des performances de son modèle, à savoir l'opérateur postal allemand Deutsche Post, qui affiche une marge d'exploitation de 6,4%. "Nos résultats sont insuffisants pour financer le développement du groupe sans nous endetter", a d'ailleurs précisé l'ancien patron de la RATP. En 2006, 136 millions d'euros ont ainsi été empruntés pour les investissements industriels du groupe, La Poste ayant financé son développement à hauteur de 90%. Dès 2008, le groupe, qui a dû également en 2006 emprunter 2 milliards d'euros pour la réforme du financement des retraites, devrait financer son développement sans endettement supérieur.

Enfin, le président de l'opérateur postal, qui vise pour 2007 une marge d'exploitation de 5,8%, a confirmé la mise en vente d'Europe Airpost, son activité fret. "Cette société se porte bien, mais La Poste n'a pas vocation à développer le métier du transport aérien et nos besoins dans ce domaine diminuent", a expliqué Jean-Paul Bailly. Des rumeurs font état d'une valorisation de 350 millions d'euros pour Europe Airpost. Le groupe sud-africain Imperial Holdings serait sur les rangs.

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