Affaire des respirateurs défectueux : aux Etats-Unis, Philips va payer 1,1 milliard de dollars aux plaignants

Philips a annoncé avoir accepté de payer 1,1 milliard de dollars pour régler des litiges aux États-Unis. Le fabricant néerlandais de dispositifs médicaux y fait l'objet de poursuites après avoir été contraint de rappeler des appareils respiratoires défectueux pour des personnes ayant des troubles du sommeil.
En 2021, l’Agence américaine des médicaments avait alerté Philips sur des risques potentiels sur la santé posés par ces ventilateurs.
En 2021, l’Agence américaine des médicaments avait alerté Philips sur des risques potentiels sur la santé posés par ces ventilateurs. (Crédits : Francois Lenoir)

[Article publié le lundi 29 avril 2024 à 09h51 et mis à jour à 10h27] La facture est lourde pour Philips. Pour rappel, le fabricant néerlandais de dispositifs médicaux fait l'objet d'enquêtes et de recours judiciaires aux États-Unis après avoir été contraint de rappeler des appareils respiratoires défectueux pour des personnes souffrant de problèmes de sommeil. Il a annoncé ce lundi être parvenu à un accord avec les plaignants « pour résoudre le litige concernant les blessures corporelles et le recours collectif en matière de surveillance médicale afin de mettre fin à l'incertitude » liée à cette affaire outre-Atlantique.

« Le règlement porte sur les réclamations déposées devant les tribunaux américains et les réclamations potentielles soumises au registre du recensement », a précisé le groupe dans un communiqué.

Aux termes de cet accord, Philips Respironics a accepté de payer un total de 1,1 milliard de dollars. Les paiements sont attendus en 2025, a indiqué l'entreprise précisant qu'une provision de 982 millions d'euros a été passée au premier trimestre 2024.

L'annonce a satisfait les investisseurs : à la Bourse d'Amsterdam, le titre Philips gagnait près de 33% à 26,31 euros vers 9h20 (7h20 GMT), dans un marché en hausse. Un montant nettement inférieur à celui prévu par les analystes financiers, qui s'attendaient à ce que le règlement des réclamations d'environ 60.000 patients américains coûte plusieurs milliards d'euros, a noté le quotidien financier néerlandais Het Financieele Dagblad.

« 1,1 milliard, c'est un montant important, quelle que soit la façon dont on le présente », a tout de même déclaré lors d'un appel aux médias le PDG de Philips Roy Jakobs.

Affaire sensible

Le géant de l'électronique devenu également une entreprise de matériel médical avait annoncé en 2021 le rappel de ses machines « DreamStation » contre l'apnée du sommeil. L'Agence américaine des médicaments (FDA) avait alerté l'entreprise sur des risques potentiels sur la santé posés par ces ventilateurs, avec 15 millions d'équipements concernés dans le monde. Leurs utilisateurs risquaient d'inhaler ou d'avaler des morceaux de mousse insonorisante toxique pouvant provoquer des irritations et des maux de tête. Le groupe avait alors aussi évoqué un risque « potentiel » de cancers à long terme.

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Les conséquences ont été financières et sociales pour Philips. Le groupe avait annoncé en 2022 la suppression de 10.000 postes au total dans le monde à la suite de ce rappel. Il avait en outre enregistré une perte nette de 1,6 milliard d'euros cette même année. Perte reconduite la suivante, bien moindre mais toujours colossale : l'entreprise néerlandaise a clôturé 2023 avec une perte de 463 millions d'euros. Le chiffre d'affaires s'est quant à lui établi à 18,1 milliards d'euros, en hausse de 6% en glissement annuel.

« Même s'il reste encore du travail à faire, les progrès que nous avons réalisés dans un monde instable constituent une base solide pour une performance durable », s'est affiché optimiste le PDG de Philips Roy Jakobs fin janvier, dans un communiqué présentant le bilan annuel.

Au début de cette année, Philips a passé un accord avec les autorités sanitaires américaines qui consiste en une « feuille de route » d'objectifs lui permettant de se conformer aux exigences réglementaires. Dans la foulée, il a suspendu la vente de respirateurs aux États-Unis, « tant que les exigences pertinentes du décret d'autorisation ne seront pas remplies ». Une étape qualifiée d'« importante » par le patron de l'entreprise. Il a toutefois expliqué le mois dernier que le rappel d'appareils pour l'apnée du sommeil est quasiment terminé : « Nous sommes dans la dernière ligne droite ». Roy Jakobs a par ailleurs affirmé que des leçons ont été tirées de l'affaire, y compris en termes de fonctionnement dans l'entreprise.

Nouvelle ère

Pour tourner la page, Philips mise désormais sur l'innovation. Le défi actuel, selon son PDG, est de prendre soin des patients alors qu'il y a « moins de personnel, moins de docteurs, moins d'infirmiers » sur fond de systèmes de soins souvent exsangues. La crise de l'hôpital est un phénomène relativement général, touchant la France comme d'autres pays. C'est dans ce contexte que la technologie intervient, a-t-il plaidé.

« Un infirmier consacre en moyenne 20 minutes chaque heure à des tâches administratives (...) Or il préfère passer du temps avec le patient. C'est ce que nous pouvons faire avec l'IA », a affirmé Roy Jakobs. « L'IA n'est pas nouvelle, mais la prochaine génération a des applications beaucoup plus puissantes ».

Par exemple, l'IA pourra aider les médecins à se concentrer sur les cas les plus complexes, lors des examens de routine par scanner, a-t-il expliqué. Une aubaine pour l'entreprise néerlandaise dans sa volonté de rebondir.

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Reste que Philips n'en a pas fini avec la justice. Le groupe fait l'objet de poursuites liées au rappel de respirateurs dans plusieurs autres pays, notamment en France où plus de 200 personnes ont déposé une plainte en juin 2023, dont trois pour homicide involontaire.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 29/04/2024 à 10:17
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Heureusement qu'il reste la puissance américaine pour empêcher, enfin même pas empêcher, punir et encore seulement financièrement, que l'empire marchand fabrique des produits dangereux immédiatement ! Mais bon on est très loin du compte quand même. "...

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