Le dérèglement climatique au menu d'un très attendu sommet du G7 à Turin

Les ministres du G7 se réunissent ce lundi à Turin pour discuter environnement et stratégie face au changement climatique, les experts appelant ces grands pays industrialisés à utiliser leur influence, leur richesse et leur technologie pour bannir les énergies fossiles. De son côté, la France espère convaincre les autres pays du G7 de s'engager sur une sortie du charbon à l'horizon 2030.
La France espère convaincre les autres pays du G7 de s'engager sur une sortie du charbon à l'horizon 2030.
La France espère convaincre les autres pays du G7 de s'engager sur une sortie du charbon à l'horizon 2030. (Crédits : Reuters)

C'est la plus grande réunion politique sur le climat depuis la COP28 en décembre dernier à Dubaï. Turin va accueillir ce lundi les ministres du G7 qui vont discuter environnement et stratégie face au changement climatique.

Des délégations de Dubaï et d'Azerbaïdjan - respectivement organisateurs de la COP28 et de la COP29 en novembre prochain - seront présentes, ainsi que du Brésil, qui préside le G20 cette année. Les ministres du G7 - Italie, Canada, France, Allemagne, Japon, Royaume-Uni et  Etats-Unis -  auront quatre sessions de travail sur deux jours à la Venaria, un palais du XVIIe siècle.

L'objectif est de « rendre le cap fixé par la COP28 pratique, réel et concret », a affirmé le ministre italien de l'Environnement et de l'énergie Gilberto Pichetto Fratin en amont de la rencontre. L'Italie, rendue vulnérable par le changement climatique aux incendies et aux sécheresses, place « la biodiversité, les écosystèmes et le réchauffement des mers » en haut de son agenda, a-t-il ajouté.

De leur côté, les défenseurs de l'environnement veulent savoir si les membres du G7 ont l'intention de concrétiser leurs engagements comme l'accord de Dubaï sur le doublement des taux d'efficacité énergétique et le triplement des capacités en énergies renouvelables d'ici 2030.

Seront aussi abordés des thèmes comme la nécessité de diversifier les sources d'approvisionnement en matériaux clé pour les systèmes d'énergies renouvelables, ainsi que la réutilisation des minerais, afin de moins dépendre de la Chine, qui domine le secteur des technologies vertes. Selon Rome, les terres rares et les énergies renouvelables seront au cœur de discussions avec des délégations africaines invitées à Turin. Par ailleurs, Ottawa, Paris, Berlin et Londres, qui font pression pour l'adoption d'un traité pour réduire la pollution au plastique, devraient utiliser le G7 pour tenter de rallier Washington et Tokyo, plus réticents.

Aider les pays en voie de développement à se décarboner

Les militants du climat espèrent une aide accrue aux pays en voie de développement pour décarboner leur production industrielle, notamment les secteurs de l'acier et du ciment. Il pourrait également y avoir de nouveaux engagements sur de nouveaux fonds dédiés à l'adaptation au changement climatique.

Ainsi, mi-décembre, à la suite de la COP28, Fatih Birol, patron de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), s'était alarmé du manque d'investissements fléchés vers les pays les moins riches  : « Au moment de l'accord de Paris (en 2015, ndlr), les investissements mondiaux dans les énergies propres s'élevaient à 1.000 milliards de dollars. Cette année, c'est près de 2.000 milliards. Mais cette progression concerne les économies avancées et la Chine : l'investissement dans le reste du monde est complètement plat, aucune croissance ! Les émissions n'ont pas de passeport! Cela a été l'élément manquant de cette COP28. »

Pour le président azerbaïdjanais de la COP29, Moukhtar Babayev, qui s'exprimait à Berlin le 25 avril, « le monde doit démultiplier le flux mondial de financement de la lutte contre le changement climatique » et « s'attaquer aux problèmes qui empêchent les pays en développement de réaliser pleinement leurs ambitions » de réduction des rejets de gaz à effet de serre.

Les pays du G7 responsables de 21% des émissions de gaz à effet de serre

Ensemble, les pays du G7 représentent 38% de l'économie mondiale et sont responsables de 21% des émissions de gaz à effet de serre, selon des chiffres pour 2021 de l'Institut d'analyse du Climat. Aucun de ses pays membres n'est en voie de respecter les objectifs de réduction d'émissions pour 2030, qui ne seront réduites « au mieux que de la moitié de ce qui est nécessaire », selon un rapport de cet institut publié la semaine dernière.

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Pour s'approcher des objectifs, la France espère convaincre les autres pays du G7 de s'engager sur une sortie du charbon à l'horizon 2030 même si les négociations sont pour l'instant « difficiles », a indiqué le gouvernement français jeudi. « Pour ce G7 en particulier on a pour objectif de vraiment concrétiser les engagements pris à la COP28 sur la transition des énergies fossiles », indique-t-on dans l'entourage du ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné. « On pense que cette pleine mise en œuvre implique de décliner cet engagement de sortie des énergies fossiles source par source et en commençant par le charbon », précise la même source. Lors de la COP28 à Dubaï,  Emmanuel Macron avait déjà appelé les pays du G7 à « montrer l'exemple » en sortant du charbon, la plus polluante d'entre elles, « avant 2030 ».

Selon Climate Analytics, les centrales à charbon allemandes représentaient encore 40 gigawatts (GW) de capacité en 2022, les japonaises 53 GW et les américaines 212 GW. La France voudrait aussi « inciter les pays du G7 à préciser leurs stratégies de sortie des énergies fossiles » dans leurs futures « contributions déterminées au niveau national » (NDC, en anglais) qui formalisent les plans de réduction des émissions de CO2 de chaque pays.

« On sera aussi très vigilants sur tout potentiel recul sur les sujets gaziers », précise la source gouvernementale. Dans l'entourage du ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, on cite par ailleurs trois priorités identifiées avec la présidence italienne : économie circulaire et efficacité des ressources, lutte contre les pollutions chimiques, plastiques et de l'air, et enfin la biodiversité et les écosystèmes. Une déclaration sur la biodiversité en haute mer est aussi attendue ainsi que « le lancement d'une coalition du G7 sur l'eau ».

Pour Luca Bergamaschi, fondateur du groupe de réflexion sur le climat ECCO, les décisions du G7 « ont un grand impact sur les marchés et sur les idées et attentes des investisseurs », et la conduite de l'Italie à Turin « sera suivie de près ».

(Avec AFP)

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Commentaires 6
à écrit le 03/05/2024 à 11:33
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Hum Turin ça va être pratique poru se fournir en viande et drogue fraiches. :-)

à écrit le 01/05/2024 à 11:09
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Il faut être conscient des ordres de grandeur, ce que les membres du G20 soit ignorent soit ne veulent pas savoir, leur délire anti-CO2 anthropique ne supportant pas les données du Réel. 83% de l’énergie primaire consommée dans le monde est d’origine...

à écrit le 01/05/2024 à 11:07
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Curieusement, le GIEC et les ardents défenseurs du dogme du réchauffement climatique anthropique ne mesurent le taux de CO2 atmosphérique qu’en ppm, et l’on peut se demander pourquoi. La réponse est simple : le mesurer en Gt montre que les émissions ...

à écrit le 01/05/2024 à 10:57
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On nous impose la transition énergétique, avec des objectifs à court terme ( accords de Paris), qui prouvent sans cesse leur irréalisme, et des moyens dont on ignore soigneusement l’inefficacité, comme les éoliennes, l’énergie solaire ou les véhicule...

à écrit le 29/04/2024 à 14:16
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Resultat de cette politique, Total devient americain. Et le monde continue a bruler toujours autant de pétrole, de gaz et de charbon

à écrit le 29/04/2024 à 12:33
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Le G7 ne pèse plus rien en influence. Cette maladie occidentale de croire encore à sa superpuissance est révolue. Le G7 est sans moyen financier pire son influence est en perdition . La guerre voulue avec des arguments fallacieux par M.Bush a marqué ...

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