L'Europe s'inquiète du projet d'Opep du gaz

Les principaux producteurs de gaz se réunissent lundi et mardi prochains au Qatar. Dépendante de pays comme la Russie pour son approvisionnement en gaz, l'Europe s'inquiète d'un éventuel cartel dans ce domaine. Dans un premier temps, elle a sans doute tort.

L'Europe tremble. L'hiver dernier, c'était l'Ukraine qui était en première ligne, face à la volonté de la Russie, son principal fournisseur de gaz, de renchérir les prix ou de couper le gaz au pays. Depuis, l'Europe n'a pas réussi à adopter une politique énergétique commune et à marcher du même pas face à ses fournisseurs, Russie en tête.

Et voilà qu'elle doit maintenant affronter une nouvelle menace, celle d'une Opep du gaz. Le projet va être discuté lundi et mardi prochain au Qatar, où se réunissent les principaux fournisseurs mondiaux que sont le Qatar, la Russie, l'Algérie, l'Iran, le Venezuela ...

S'il s'agit de mettre sur pied un cartel, au même titre qu'il en existe un pour le pétrole, qui dicterait les prix au point de provoquer des crises, comme on en a connues à partir des années 1970, il y a en effet de quoi faire trembler les pays consommateurs, dépendants pour leur énergie gazière des grands pays producteurs que sont la Russie ou l'Algérie. Mais y a-t-il réellement péril en la demeure ?

L'idée d'une Opep du gaz est apparue l'été dernier, après la signature d'une alliance entre le russe Gazprom et l'algérien Sonatrach, les deux principaux fournisseurs de gaz de l'Europe. Les pays producteurs cherchent en effet à partager leurs informations en termes de contrats, afin d'obtenir les mêmes conditions pour tous. Le tout étant d'éviter que les pays consommateurs fassent jouer la concurrence et l'absence de transparence pour dicter leurs conditions aux producteurs. Certes, un nouveau cartel pourrait atteindre cet objectif.

Mais de là à dicter les prix, il y a un pas. Si le ministre du Commerce russe, Guerman Gref, a déclaré dans la presse espagnole mercredi qu'il n'y avait pas de raison que les prix montent à court terme avec la mise sur pied d'une Opep du gaz, ce n'est pas par hasard. Contrairement au pétrole, les prix du gaz sont plus compliqués à "manipuler". Pour la bonne raison que les prix sont établis certes en fonction de l'évolution du prix du pétrole, mais par le biais de contrats, établis entre producteur et client, sur une très longue période, de quinze ou vingt ans.

Cette situation s'explique par le fait que les investissements pour l'extraction, le transport par gazoduc ou par méthanier - cette dernière méthode impliquant la liquéfaction, processus coûteux - sont particulièrement lourds. Et souvent partagés entre les deux parties.

Du coup, peu de gaz est échangé en gré à gré sur le marché, à New York par exemple (10% seulement). Or, c'est cette procédure, largement utilisée pour le pétrole, qui permet aux prix de fluctuer en fonction de l'offre et de la demande.

Dans ces conditions, les producteurs de gaz qui cherchent à calmer les craintes des consommateurs en déclarant que les prix auront du mal à grimper en raison d'une simple mise en place d'une Opep du gaz ont sans doute raison. D'ailleurs, pour certains observateurs, ce cartel aurait surtout valeur de symbole politique. Ce qui n'a pas non plus échappé à certains producteurs, tel que le Qatar, qui ne souhaitent pas qu'une telle organisation soit mise en place, de peur qu'elle déplaisent au "grand frère" américain....

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