En grève et privée de privatisation : mauvaise passe pour la Deutsche Bahn

La chambre haute du parlement allemand a rejeté le projet de loi de privatisation des chemins de fer allemands présenté par le gouvernement. La grève des conducteurs de train outre-Rhin, ce vendredi, à l'appel du petit syndicat GDL sur les salaires, a été très suivie.

C'est une sale période pour la Deutsche Bahn. Sa direction rêve depuis de long mois de privatisation. Mais ce vendredi, la chambre haute du parlement allemand (Bundesrat, le Sénat outre-Rhin) qui réunit les représentats des Etats-régionaux, les Länder, a rejeté le projet de loi de privatisation présenté par le gouvernement qui l'avait adopté fin juillet.

"Nous ne pouvons pas donner notre accord tant que nous ne sommes pas assurés que la privatisation partielle, telle qu'elle est prévue, ne va pas contre l'intérêt général", a expliqué le ministre des Transports de l'Etat régional de Saxe-Anhalt, Karl-Heinz Daeher. En clair, les élus du Bundesrat craignent qu'une privatisation ne se traduise par des femetures de petites gares et de petites lignes, considérées comme non rentables. Ils veulent obtenir des garanties contre cela.

La parole va maintenant être donnée aux députés allemands du Bundestag (chambre basse) où Klaus Lippold, le conservateur (CDU) qui préside la commission des Transports a déjà conseillé d'attendre jusqu'en 2010 pour une telle privatisation. La route est donc loin d'être terminée pour ce projet, amorcé en 1994 après la fusion des transports ferroviaires de l'ex-RDA et de l'ex-RFA.

Ce contretemps intervient en pleine perturbation sociale pour la Deutsche Bahn. Ce vendredi, en effet, une grève des conducteurs de trains a fortement perturbé le trafic ferroviaire, notamment régional, en Allemagne à l'initiative du petit syndicat de conducteurs GDL (au contraire de ses deux grands homologues Transnet et DGBA qui ont, eux signé, l'accord salarial avec la direction) sur les salariés et les conditions de travail. Le syndicat a toutefois repris le dialogue avec la direction et renoncé à la grève pour lundi et mardi, une trêve qui pourrait durer jusqu'à fin octobre. D'autant que le patron de la Deutsche Bahn, Hartmut Mehdorn, a promis de lui soumettre une nouvelle offre d'ici à lundi.

Deutsche Bahn fait valoir le service minimum pour limiter l'impact de la grève
Si le chaos a pu être évité ce vendredi dans le trafic ferroviaire allemand, la raison en incombe en partie au faible nombre de grévistes, et à l'application d'une ancienne loi outre-Rhin sur le service minimum. Ce texte contraint la compagnie ferroviaire à réquisitionner en cas de besoin des conducteurs de trains grévistes pour qu'un trafic minimum puisse être proposé aux voyageurs. Deutsche Bahn avait ces derniers jours formulé une proposition dans ce sens au syndicat GDL, qui appelle à la grève. Faute d'obtenir de réponse favorable, la compagnie allemande a toutefois pu faire travailler près de 90 grévistes du GDL. Le syndicat a été débouté d'une plainte en référé qu'il avait déposée pour faire annuler cette mesure. Et, dans quelques cas, les conducteurs récalcitrants ont écopé d'un avertissement de l'employeur. Environ 1.900 conducteurs de trains régionaux et urbains ont cessé le travail, sur près de 8.000 salariés appartenant au GDL étant autorisés à le faire. Deutsche Bahn paie les salariés réquisitionnés, les grévistes sont quant à eux payés par la caisse du syndicat.

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