Secousse sur les valeurs immobilières à la Bourse de Madrid

L'ensemble des titres des groupes immobiliers espagnols s'est inscrit en forte baisse aujourd'hui. Les investisseurs craignent une explosion de la bulle qui s'est développée ces dernières années dans l'immobilier en Espagne. Ce n'est pas sans importance sur la suite de l'offre de l'espagnol Sacyr sur le français Eiffage.

Ce n'est pas encore l'éclatement de la bulle immobilière espagnole, mais c'est peut-être le début de l'éclatement de la bulle des valeurs boursières liées à l'immobilier: l'ensemble des valeurs des groupes espagnols de ce secteur ont subi de fortes chutes aujourd'hui à la Bourse de Madrid. Un mouvement qui reflète les craintes grandissantes envers un possible retournement du marché immobilier.

Le mouvement est brutal: en fin de journée, les titres des groupes espagnols d'immobilier et de BTP s'inscrivaient en baisse sensible, avec des replis de plus de 11% pour Inmocaral, de plus de 8% pour Sacyr Vallehermoso, de plus de 6% pour FCC, etc. Un mouvement qui a fait perdre 2,73% à l'indice Ibex-35.

A l'origine de cette désaffection des investisseurs pour ces valeurs: les craintes que les prix de l'immobilier ne connaissent un repli brutal. L'immobilier s'est en effet envolé en Espagne depuis plus de dix ans, l'enrichissement rapide du pays se traduisant par une demande inextinguible de logements. En conséquence, les groupes actifs dans la construction ou la promotion ont vu leur valeur en Bourse s'envoler.

Mais, de même qu'aux Etats-Unis où un engouement similaire pour l'immobilier a été observé, les signes d'un fort ralentissement du secteur se multiplient. Rien de catastrophique encore: en 2006, par exemple, les prix de l'immobilier espagnol ont grimpé de 9,1%, contre une inflation de 2,7%. Mais c'était là la hausse des prix immobiliers la plus faible observée depuis 2000.

D'autres signes plus inquiétants font craindre que le scénario d'un atterrissage en douceur du secteur ne se vérifie pas. Ainsi, la Banque d'Espagne vient d'annoncer une très forte progression de l'endettement des ménages espagnols: +18,5% sur un an. Un envol lié, là encore, aux prix de l'immobilier. Autre information préoccupante: la petite société immobilière Astroc a vu son titre chuter de plus de 60% en quatre séances. Elle vaut désormais 15,95 euros, contre 73,4 euros fin février. A l'origine de cette chute: des rumeurs sur le possible désengagement d'un actionnaire en détenant 5%. Mais cette crise d'Astroc a en tout cas eu des effets d'entraînement sur les autres valeurs du secteur et même au-delà.

Ainsi, aujourd'hui, les actions des groupes bancaires ayant une forte activité de crédit hypothécaire ont également été affectées. Banco Popular a perdu 4,7%, Sabadell et Bankinter plus de 5%.

La baisse de l'action Sacyr devrait en tout cas ravir Jean-François Roverato, le patron d'Eiffage. Le groupe espagnol, on le sait, a lancé une offre sur son homologue français, proposant ses propres actions Sacyr en échange de celles d'Eiffage. Totalement hostile à ce projet, Jean-François Roverato a mis en garde contre la fragilité de la valorisation boursière de Sacyr. Ce dernier "propose aujourd'hui de payer les actions d'Eiffage avec ses propres titres, dont la valeur reflète celle de ses actifs immobiliers en Espagne", qui "pourraient être révisés à la baisse très prochainement", a-t-il déclaré ce matin dans une interview accordée au Figaro.

Le fait est qu'une baisse prononcée de la valeur de l'action Sacyr compromettrait le projet du groupe de faire de la croissance externe en payant avec du papier. Cette crainte se répercute d'ailleurs aujourd'hui sur l'action Eiffage, qui perd 1,8% à la Bourse de Paris en fin de séance.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.