Pourquoi la trajectoire de 1% de croissance promise par le gouvernement est possible

Les chiffres de la croissance du premier trimestre sont meilleurs qu'attendus, portés par la consommation des ménages et l'investissement. Pour l'instant, le gouvernement tient donc son pari et est toujours dans la course pour tenir sa prévision de 1% de croissance en 2024. A moins que la restriction des dépenses publiques ne vienne gâcher la fête...
Bruno Le Maire, ministre de l'Economie (photo d'archives).
Bruno Le Maire, ministre de l'Economie (photo d'archives). (Crédits : Reuters)

Et si Bruno Le Maire et Bercy avaient finalement raison ? La première estimation de l'Insee sur la croissance française est tombée ce mardi matin et surprise, les chiffres sont plutôt bons. Le PIB croît ainsi de 0,2%. C'est plus que ce qu'avait annoncé l'Institut national de statistiques, qui tablait sur 0%.

« A tous ceux qui veulent faire croire que notre économie est à l'arrêt : les faits sont têtus. La croissance française progresse. C'est un nouveau signe qui traduit la solidité de notre économie », s'est félicité le ministre de l'Economie, juste après la publication de l'Insee.

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Un objectif de plus en plus crédible

De quoi redonner de la crédibilité au gouvernement sur sa prévision annuelle. Bercy tablait à l'origine sur 1,4% de croissance cette année, une prévision qui avait d'ailleurs permis de bâtir le budget 2024, mais que beaucoup trouvait trop irréaliste. Bruno le Maire avait ensuite revu sa copie en février, en annonçant désormais 1%. Un objectif davantage pragmatique mais qui semblait encore hors de portée pour certains il y a quelques semaines.

« Avec ces chiffres du premier trimestre, meilleurs que prévus, la prévision du gouvernement reste dans une fourchette haute mais n'est désormais plus inatteignable. Alors qu'il y a quelque temps, c'était plus compliqué...», pointe Mathieu Plane, directeur adjoint à l'Observatoire Français des Conjonctures Economiques (OFCE).

Pour réussir son coup, le gouvernement doit tabler sur une croissance de 0,3% par trimestre. « Ce n'est quand même pas rien », estime l'économiste « mais c'est jouable ».

L'hypothèse des 1% est donc envisageable, « sauf si l'activité recule dans la deuxième partie de l'année, que les taux d'intérêts ne baissent pas, ou que l'investissement positif des entreprises n'est finalement qu'un feu de paille », argue par ailleurs Denis Ferrand, directeur général de Rexecode.

« L'année dernière, tout le monde rigolait quand Bercy tablait sur 1%, et finalement il a été le meilleur prévisionniste », souligne Jean-François Robin, directeur de la recherche chez Natixis (groupe BPCE). Plus confiant encore que le gouvernement, Natixis table, eux, sur une croissance de 1,1% pour 2024.

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Consommation et investissement au rendez-vous

Plusieurs raisons viennent conforter cette bonne perspective. La croissance, au premier trimestre, a notamment été portée par la consommation des ménages. Elle a augmenté de 0,4%, après avoir déjà rebondi à 0,2% au trimestre précédent. Un résultat qui s'explique en premier lieu par un ralentissement de l'inflation. « On constate un rebond du pouvoir d'achat avec une revalorisation des prestations sociales en début d'année, notamment des retraites », explique Mathieu Plane. A cela s'ajoute également une progression du salaire réel par rapport à l'inflation.

Cette dernière devrait poursuivre encore sa décrue cette année. En avril, elle atteint 2,2% sur un an, contre 2,3% en mars, grâce à la décélération des prix de l'alimentation. « Nous pensons que cette tendance va continuer sur l'année », note Jean-François Robin.

Mais ce qui a davantage surpris est le rebond de l'investissement du côté des entreprises. « On était sur l'idée que l'investissement allait être le chaînon manquant de la croissance en 2024 », soulève Denis Ferrand, notamment par rapport à la situation de trésorerie de certaines entreprises, de la montée des défaillances qui ont atteint un niveau record en 2023, et d'une demande anticipée moins optimiste.

Par ailleurs, les principaux partenaires commerciaux de l'Europe retrouvent également du poil de la bête. Dans le détail, le PIB a progressé au premier trimestre en Allemagne, en Italie ou encore en Espagne. Au premier trimestre, l'investissement a ainsi atteint 0,3% après -0,9% au quatrième trimestre 2023.

« Le chiffre de ce matin est une bonne surprise mais il faut le confirmer dans la durée, et ce n'est pas encore gagné », ajoute l'économiste, « nous maintenons que cette année la croissance sera dépendante des consommateurs ».

Encore faut-il que ces derniers désépargnent. Autre point noir : l'investissement des ménages qui s'est réduit comme peau de chagrin après la hausse des taux d'intérêts renchérissant le coût du crédit.

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Réduire le déficit, mais à quel prix ?

La croissance est un point clé pour le gouvernement s'il veut réduire le déficit public. « Un demi-point de croissance de plus, fait baisser le déficit de 0,25 point », soutient Mathieu Plane. D'autant que le déficit a dérapé en 2023, à 5,5% du PIB. Loin de ce que Bercy avait anticipé, à 4,9%. Cette année, l'exécutif table sur 5,1% du PIB, contre 4,4% à l'origine. Et encore plus ambitieux, il souhaite le réduire à 3% d'ici 2027, pour rentrer à nouveaux dans les critères européens. Un objectif auquel ne croît pas les agences de notation Moody's et Fitch qui ont néanmoins maintenus leurs note sur la dette française vendredi dernier.

Pour se remettre dans les clous, l'exécutif compte donner un coup de rabot dans les dépenses publiques. Il a déjà validé 10 milliards d'euros d'économie dans les dépenses de l'Etat et cherche à couper de nouveau 10 milliards supplémentaires en 2024. Or, qui dit moins de dépenses, dit souvent moins de croissance. « La question est de savoir à partir de quand les mesures budgétaires peuvent avoir des effets sur la croissance », interroge Mathieu Plane.

D'autant que sur ce trimestre, une bonne partie de la croissance s'explique également par... de la dépense publique. « C'est un facteur qui a sur contribué à la croissance », explique Denis Ferrand. Pour que la croissance continue sur sa lancée, il ne reste donc plus qu'à croiser les doigts.

Commentaires 28
à écrit le 01/05/2024 à 23:32
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C'est le 1ER Mai , pas le 1ER Avril

le 04/05/2024 à 12:02
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La Macronie donnant l'argent des pauvres aux très très riches ils peuvent y croire, si nous on se sert la ceinture la plupart des plus riches peuvent s'acheter plusieurs avions et bateaux tout les mois alors qu'avant ils devaient se contenter d'une s...

à écrit le 01/05/2024 à 18:25
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Plutôt bon 0,2 % ? Ça veut dire 0,8 % en rythme annuel. Pas mieux que sous François Hollande mais avec un trou de mille milliards d'euros en plus. Une farce, la Macronie. Sauf qu'elle ne me fait plus rire depuis longtemps.

à écrit le 01/05/2024 à 14:33
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"«L'année dernière, tout le monde rigolait quand Bercy tablait sur 1%, et finalement il a été le meilleur prévisionniste », souligne Jean-François Robin, directeur de la recherche chez Natixis (groupe BPCE)." Il ne faut vraiment pas manquer d'air ...

à écrit le 01/05/2024 à 14:11
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Il fut un temps où la croissance economique était de 2.5%, ensuite celle-ci est passée à 1,5%> Aujourd'hui, la France s'enorgueillit d'une croissance moyenne de 0,5 à 1% en sachant que pour réduire le taux de chômage, un minimum de 1,5% de croissanc...

à écrit le 01/05/2024 à 14:09
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Il fut un temps où la croissance economique était de 2.5%, ensuite celle-ci est passée à 1,5%> Aujourd'hui, la France s'enorgueillit d'une croissance moyenne de 0,5 à 1% en sachant que pour réduire le taux de chômage, un minimum de 1,5% de croissanc...

à écrit le 01/05/2024 à 13:57
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Le réformisme a fait beaucoup plus de dégâts à la france que n'importe quelle action terroriste. Je vois plutôt notre trajectoire économique vers les abysses. Merci l'europe qui devait nous rendre fort et riches !

le 01/05/2024 à 19:01
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@PAFO. Mais l'Europe mercantile (celle des "marchands") a toute de même réussi à creuser le fossé des inégalités. Le nombre d'ultra-riches s'est accru durant la crise de l'Euro et la paupérisation des peuples et des moyens régaliens essentiels avec....

le 01/05/2024 à 23:36
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En France, c'est bien connu, il faut trouver des boucs émissaires à toutes nos carences et L'Europe en est un. L'Europe ne nous a pas dit de dépenser pendant 50 ans plus que nous gagnons, c'est même le contraire. L'Europe ne nous dit pas de travaille...

le 02/05/2024 à 0:02
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Sans l'europe, la france n'aurait pas pu faire toutes les dépenses et ce gaspillage. La monnaie unique et le soutient de la BCE a permit cela.

à écrit le 01/05/2024 à 12:09
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veulent ils vraiment marquer le passage de la saison sombre à la saison claire ce premier mai. que pensent les travailleurs aujourd'hui !

à écrit le 01/05/2024 à 11:17
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L'orthodoxie budgétaire (austérité) durant la décennie (perdue) de la crise de l'Euro (crise des dettes souveraines faisant suite à la crise financière US et mondiale de 2008) aura permis de s'apercevoir que le remède est parfois pire que le mal pour...

le 01/05/2024 à 15:04
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L'Espagne, le Portugal, la Grèce ont connu l'austerité. La France jamais. Elle a vecu dans la gabegie sociale et le fonctionnariat. Après 43 ans de gabegie et sans doute 45 ou 50, parce que ce n'est pas fini, un jour il faudra bien en faire 5 d'auste...

le 01/05/2024 à 18:48
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@Adieu BCE. Bien évidemment que la France a connu l'austérité durant la crise de l'Euro - tout comme elle a connu une autre cure en 1981 - sauf qu'elles ont été principalement masquées par cette gabegie sociale et cette culture du fonctionnariat que ...

à écrit le 01/05/2024 à 11:05
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Réaliser de la croissance dans une conjoncture morose témoigne d'un bel optimisme. d'accord! Accordons leur! Mais si, comme d'habitude, cet incroyable phénomène ne se produit pas, aurons-nous le droit de les virer sans indemnités?

le 01/05/2024 à 11:33
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@henry. Bien vu. Dans l'attente de mon post toujours sous modération. C'est d'ailleurs pourquoi je les accuse (en paraphrasant le "J'accuse!" de Émile Zola) d'être complètement schizophrènes. Bien à vous😉

à écrit le 01/05/2024 à 10:56
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C'est toujours 2 fois mois que l'Espagne et 3 fois moins que les Etats-Unis.

à écrit le 01/05/2024 à 10:39
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... 1% de croissance, c'est déjà beaucoup trop pour continuer à détruire la planète. Il ne faut plus croître pour croître, sans décroître. Trouver un autre système de mesure pour qualifier la croissance.

le 01/05/2024 à 10:58
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taxer tout les véhicules chinois a 60000euro comme produits comme certain produits europeen ou usa idem pour les televisions et autre electromenager venant hors europe

le 01/05/2024 à 12:49
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que reste il a la macronie apres la coalition mme von der leyen et mme melonie simplement une alliance avec mme le pen

à écrit le 01/05/2024 à 10:31
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@ hélios vous faites des raccourcis peu digne d un média comme La Tribune : la situation de l’ État c est pas celle du pays .. faut pas confondre les périmètres enjeux et acteurs. La France n a jamais été aussi riche puisque le pnb quoiqu il se pas...

le 02/05/2024 à 11:59
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OK pour des contributions des "bonnes" retraites, à une réserve près. J'ai une retraite supérieure à 3000 euros parce que j'ai consenti à travailler jusqu'à 67 ans, alors même que j'aurais pu partir en retraite à 60 ans. Certes, ce que je faisais me ...

à écrit le 01/05/2024 à 10:24
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@ hélios vous faites des raccourcis peu digne d un média comme La Tribune : la situation de lnetat c est pas celle du pays .. faut pas confondre les périmètres enjeux et acteurs. La France n a jamais été aussi riche puisque le pnb quoiqu il se passe...

à écrit le 01/05/2024 à 9:15
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1% de croissance avec 5% de déficit, et ils veulent des applaudissements ? La réalité c'est que la croissance potentielke de la france est proche de 0, et on sait pourquoi dans la bienveillance tolérante

le 01/05/2024 à 10:25
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Oui, faire de la croissance en augmentant la dette, tout le monde en est capable, même un pays qui ne travaille pas. Une politique économique efficace améliore la balance commerciale, réduit le chômage, augmente le pib par habitant plus que les autre...

le 01/05/2024 à 11:38
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Le problème, c'est qu'avec le logiciel français, votre idéal supposerait de commencer par diviser par deux ou par trois la population car le secteur privé sachant créer de la valeur en France use en général outrancièrement des machines, d'où les 35h,...

à écrit le 01/05/2024 à 7:44
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Be parce que 1% c'est que dalle et que pour faire que dalle ils osnt là nos dirigeants politiques !

le 01/05/2024 à 8:06
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apres 7ans de mensonge et une totale derive de l'economie personne ne peut faire confiance a ces gens que dit je 7ans mais bien plus cela fait 50ans que ces meme gens sous des etiquette a variation sont au pouvoir et qu'ils souhaite le conserver ...

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