Folles soirées à la Comédie Française

Le metteur en scène Christophe Rauck fait de cette "Folle Journée ou Le Mariage de Figaro" un spectacle d'une évidente clarté sur nos sociétés courant après l'amour et la reconnaissance. Dans la salle Richelieu du Français, les comédiens portent allégrement cette parole de Beaumarchais, tellement universelle, sur la liberté.

On ne perd pas de temps à comprendre le sens que veut donner Christophe Rauck de cette "Folle Journée ou Le Mariage de Figaro" qu'il met en scène à la Comédie Française. Un début de musique un peu légère (l'ensemble est signé Arthur Besson) et des comédiens qui se présentent dans des tenues passe-partout évoquant, façon zist et zest, à la fois les XVIIIè et XXIè siècles (Marion Legrand les a conçus).

Ainsi, Chérubin (révélation du jeune Benjamin Jungers dans le rôle) porte pantalon de survêtement de sport... Il est vrai qu'ici, le jeunot court, saute, se plie en quatre, se déguise rapidement. Et puis il y a ce décor, extrêmement astucieux sans être complexe et peu encombré d'objets (sauf au dernier acte), qui limite en pointillé les espaces. Des portes en voile montent ou descendent des cintres, des corbeilles en bord de scène jouent les armoires/garde-robes, etc.

La scénographie d'Aurélie Thomas privilégie le mouvement. Et dans cette pièce, le mouvement est permanent. Virevoltant même. Parce que Beaumarchais, dans une langue virtuose, brosse ici le vaste portrait d'une société qui exprime ses besoins de passions, d'amour, de reconnaissance, mais aussi de pouvoir, de politique, de statut social. Son Figaro, valet du Comte, possède un bagout tellement structuré que cela cache évidemment quelque chose!

On est en Espagne et le Comte, qui règne sur sa petite communauté, vient d'être nommé ambassadeur en Angleterre. L'occasion, avant le départ, de faire jouer (mais en catimini) son droit de cuissage envers la camériste de la Comtesse, Suzanne qui, elle, en pince pour son Figaro. Le maître use de stratagèmes, bien sûr, comme celui de marier Figaro avec Suzanne. Mais c'est toute la pièce qui est truffée de rebondissements et d'échanges musclés.

Les accents de Christophe Rauck se rapprochent de "La règle du jeu", le film de Jean Renoir, car cette comédie, même si elle provoque souvent le rire, croise souvent le drame. C'est qui fait toute la valeur de cette production portée par des comédiens en grande forme. Laurent Stocker est un Figaro magnifiquement vif, Anne Kessler brille en Suzanne, Michel Vuillermoz est un Comte à l'allure très chiraquienne. Il faudrait citer tous les autres, Elsa Lepoivre (La Comtesse), Martine Chevallier (Marceline), etc. Une belle et intelligente soirée.


Jusqu'au 27 février 2008 en alternance à la Comédie Française. Tél: 08 25 10 16 80.

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