Zimbabwe : l'économie torpillée par l'hyperinflation

L'incroyable hausse des prix 4.500% par an officiellement plonge l'économie de ce pays du sud de l'Afrique dans une crise sans fond. La pénurie de produits de première nécessité guette le pays, tandis que les commerces ferment leurs portes.

Alors qu'il y a quelque temps le président Mugabe avait annoncé une nouvelle baisse des prix des biens de consommation essentiels, le chef d'Etat du Zimbabwe vient de suspendre purement et simplement la vente des produits de première nécessité - dans le but de prévenir une pénurie. Le gel des prix ne pouvait en effet plus être viable, compte tenu du fait que les prix des matières premières ne pouvaient faire autrement que de refléter l'évolution de l'inflation dans le pays. De fait, le taux d'inflation se situe, selon les estimations, à 4.500 % (taux officiel) voire même 10.000% en rythme annuel. Ce qui fait du taux officiel d'inflation le plus élevé au monde actuellement. Cette situation d'hyperinflation vient aggraver, s'il en était besoin, une récession vieille de huit ans.

Le Zimbabwe traverse sa plus grave crise économique depuis son indépendance vis-à-vis de la Grande Bretagne, en 1980. Et si Robert Mugabe, au pouvoir depuis cette date, est largement responsable de cette situation, il continue de refuser toute responsabilité dans cette dégradation. Et cela alors que sa politique économique a été faite de nationalisations et d'ingérences de l'Etat, notamment dans le domaine foncier, puisqu'il a décidé il y a quelques années, d'exproprier les blancs encore propriétaires de nombreuses terres dans le pays. Du coup, la production agricole a été sérieusement perturbée, au point de déstabiliser toute l'économie.

Pénurie alimentaire, pénurie d'essence, hyperinflation, sont le résultat de cet aventurisme politique. La dégradation de la situation de l'agriculture a par ailleurs lourdement pénalisé les travailleurs urbains, qui ne peuvent plus se ravitailler à la campagne en produits de base. Ainsi, il y a quelques jours, la police a du être appelée pour contrôler une énorme foule qui avait envahi un supermarché dans le centre d'Harare. Informés de la présence de sucre, les Zimbabwéens se battaient pour en obtenir, comme le rapporte Mac Donald Dzirutwe de l'agence Reuters. Une situation qui s'est reproduite dans tout le pays. Ces dernières semaines, les consommateurs ont ainsi acheté du sucre, de l'huile de cuisson, de la farine et des céréales, alors que les industries ont stoppé leur production.

Par ailleurs, cette situation, associée au gel des prix, a donné naissance à tout un système de marché noir. La police zimbabwéenne indique que plus de 200 détaillants ont été arrêtés pour avoir fait payer des biens de consommation à des prix supérieurs au prix officiel, comme le rapportent des économistes interrogés par le quotidien anglais The Guardian de ce matin.

Résultat: selon l'ONU, sur une population estimée à 11,8 millions d'habitants, quatre millions de Zimbabwéens auront besoin d'une aide alimentaire l'année prochaine.

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