La BCE prépare à une hausse des taux en juin

Le président de la BCE a préparé à un relèvement du taux directeur d'un quart de point à 4% au mois de juin. Dans son intervention en début d'après-midi, Jean-Claude Trichet a indiqué qu'il fallait "surveiller de très près" l'inflation et que la politique monétaire restait "accomodante". Dans la foulée, l'euro a dépassé 1,35 dollar, un plus haut depuis janvier 2005.

A l'issue de la réunion des gouverneurs, la Banque centrale européenne (BCE) a comme prévu opté pour le statu quo ce jeudi, et laissé son taux directeur à 3,75%. C'est ce que prévoyait l'intégralité des économistes du consensus recueilli par l'agence Bloomberg. Ces derniers estiment que la BCE attendra juin pour relever ses taux pour la huitième fois depuis fin 2005, à 4% .

Le discours de son président, Jean-Claude Trichet, en début d'après-midi, a permis de confirmer ce scénario. Le président de la BCE, a jugé jeudi essentiel "de surveiller de très près" les risques inflationnistes en zone euro, considérant que la politique monétaire restait "accomodante". "Le terme 'forte vigilance' ne devrait pas remplacer le 'surveiller de très près' l'inflation du mois dernier, puisqu'un tel changement permettrait d'envisager une hausse des taux dès le mois de mai, apportant une confusion certaine dans les anticipations", avait anticipé Sylvain Broyer, économiste chez Natixis, avant la conférence. Et comme pour s'assurer que tout le monde ait bien compris, Jean-Claude Trichet a déclaré : "je ne dirai rien aujourd'hui qui change les anticipations sur les taux en juin". Du coup, l'euro a dépassé 1,35 dollar, un plus haut depuis janvier 2005.

Plaidant pour un nouveau resserrement monétaire, les dernières statistiques confortent la vigueur de la croissance de la zone euro. Ce matin encore, Eurostat a révisé en légère hausse à 2,7% son estimation de croissance de la zone en 2006, contre 2,6% calculé auparavant. La croissance dans les services a atteint un plus haut depuis six mois, le taux de chômage a reculé à 7,3%, plus faible taux depuis 1993, et la confiance des consommateurs et des milieux d'affaires a grimpé à un plus haut depuis 2001. Par ailleurs, les prix de l'essence, les pressions salariales et l'augmentation de la masse monétaire constituent autant de vecteurs d'inflation regardés de près par la BCE. "La BCE surveille de très près les négociations salariales", a ainsi déclaré Jean-Claude Trichet.

"Les indicateurs avancés confirment le point de vue de la BCE d'une économie solide, mais l'institution a besoin de données tangibles, ce qu'elle n'aura pas avant deux mois", indique Michael Schubert, économiste chez Commerzbank, interrogé par Bloomberg à Francfort. "Bien que la BCE semble très 'faucon' actuellement, elle devra attendre juin pour relever ses taux".

Ensuite la question sera de savoir si la BCE procèdera à d'autres tours de vis d'ici la fin de l'année. Cette semaine, le Fonds monétaire international (FMI) a donné carte blanche à la BCE pour continuer à durcir les conditions d'octroi du crédit. Les taux de chômage "sont tombés au plus bas du cycle, les taux d'utilisation des capacités sont élevés et des tensions inflationnistes pourraient apparaître", a averti le Fonds. "Il semblerait justifié de relever les taux d'intérêt à 4% d'ici l'été", juge-t-il, ajoutant même qu'"au-delà, de nouveaux ajustements pourraient encore être nécessaires".

Ces deux dernières semaines, Commerzbank, Morgan Stanley, UniCredit et Fortis Bank ont tous relevé leurs anticipations de hausse des taux au-delà de 4% avant de la fin de l'année. Mais selon Patrick Artus, chef économiste chez Natixis, une augmentation des taux supérieure à 4% n'est pas nécessaire, "compte tenu d'une croissance potentielle en valeur de 3,8 à 4%, de l'absence de risque d'inflation et de l'hétérogénéité de la nature des financements (taux variable - taux fixe)".

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