L'avenir de Chrysler scruté à la loupe par JP Morgan

La banque d'affaire américaine a été mandatée par DaimlerChrysler pour étudier les différentes solutions pour l'avenir de Chrysler. Les analystes parient sur une scission avec mise en bourse. Nissan-Renault fait figure de nouveau partenaire potentiel.

DaimlerChrysler a mandaté la banque américaine JP Morgan pour étudier les différentes options possibles pour sa filiale Chrysler. Hier, son président du directoire, Dieter Zetsche avait indiqué que toutes les alternatives étaient désormais envisageables.

La banque d'affaires va notamment étudier si une cession est possible, une scission avec mise en bourse ou si compte tenu des coûts entraînés par les deux premières options un maintien au sein du groupe n'est pas au final la solution la meilleure.

Les analystes sont toutefois sceptiques sur l'idée d'une vente à un industriel. D'après le magazine allemand, Manager Magazin, des discussions auraient déjà eu lieu avec son concurrent GM. Mais elles n'en seraient qu'à un stade préliminaire et concerneraient le design commun de futurs modèles pour réduire les frais de développement.

Toyota en revanche a fait savoir qu'il n'était pas intéressé. Pas étonnant puisque le groupe japonais jusqu'à présent s'est gardé à l'écart des mouvements de consolidation dans l'automobile mondiale. Le directeur Europe de Mitsubishi, Tim Tozer, a également exclu de monter dans le groupe américain même s'il coopère sur certains produits.

L'échec des derniers grands mariages dans l'automobile tend à prouver de surcroît que le modèle n'est pas forcément la solution idéale. Certains experts pensent qu'au final le meilleur partenaire pourrait être Nissan-Renault puisqu'il cherche un partenaire sur le marché américain. Mais sous quelle forme ? Une coopération ? Une prise de participation dans un groupe Chrysler introduit en bourse ? Ou une reprise ?

Des options que la banque d'affaires va devoir passer au peigne fin car l'opération est de toute façon complexe et nécessite déjà que Chrysler retrouve un peu la santé. D'après les analystes de la banque WestLB, une scission ou une alliance n'est guère envisageable avant le troisième trimestre. Chrysler de surcroît doit d'abord régler les négociations avec le puissant syndicat américain UAW pour réduire les coûts de son assurance maladie qui plombent aujourd'hui lourdement ses comptes.

Quelques fonds d'investissement aussi regarderaient le dossier de près. D'après Ron Tadross, analyste à la Bank of Amerika, la valeur de Chrysler devrait tourner autour des 5 milliards de dollars. Daimler pourrait choisir aussi de ne céder que certaines marques comme Dodge et Chrysler et conserver Jeep.

Pour l'instant, la plupart des analystes estiment en tout cas l'option mise en bourse la plus probable. Une perspective d'ailleurs qui a encore donné des ailes au titre aujourd'hui. Alors que le DAX a plutôt le blues, l'action du premier groupe industriel allemand a encore grimpé nettement, gagnant jusqu'à 6,7% à près de 55 euros.

"Le titre profite de deux choses, du plan de restructuration annoncé hier et qui va plus loin que ce à quoi s'attendaient les analystes et d'une possible cession de Chrysler" indique Udo Becker de la banque d'affaires Merck Fink. Plusieurs banques de surcroît ont relevé leur objectif de cours, ce qui a aussi eu un effet positif.

Le groupe germano-américain a en outre gagné un procès. Il était accusé d'avoir informé trop tard du départ de son ancien patron Jürgen Schrempp. Mais le tribunal de Stuttgart vient d'estimer au contraire que le groupe a agi dans les temps et a eu raison d'attendre la décision du conseil de surveillance avant de faire part en juillet 2005 de son départ. Les discussions au sein du directoire qui ont précédé ne faisaient pas l'objet d'une obligation de communication, selon lui. L'annonce de la démission de Jürgen Schrempp, qui a passé la main au 1er janvier 2006 à Dieter Zetsche, avait provoqué d'importantes variations du cours de l'action.

Une enquête du gendarme allemand de la Bourse, BaFin, contre deux dirigeants du groupe a été abandonnée en novembre 2005. Dix actionnaires de DaimlerChrysler avaient ensuite porté plainte au civil contre la société, l'accusant d'avoir violé les règles de publication. Ce procès était l'un des premiers à appliquer une nouvelle loi permettant en Allemagne à des actionnaires de se regrouper pour poursuivre des entreprises en justice, sur le modèle de la class action américaine.

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