L'idée d'une VIème république revient dans le débat présidentiel

Pour la première fois, dimanche, la candidate du Parti socialiste a évoqué une "VIème république". Les "grands" candidats proposent d'aménager les institutions, sans toutefois toucher à leur clé de voûte, l'élection du président au suffrage universel.

L'avènement d'une VIème république est-il devenu la tarte à la crème de cette campagne présidentielle? Lancée il y a quelques années par le bouillant député de Saône-et-Loire, Arnaud Montebourg (PS), l'idée d'une réforme des institutions est en tout cas reprise aujourd'hui par plusieurs candidats, dont Ségolène Royal dans son discours de dimanche à Villepinte.

La critique fondamentale adressée à la Vème république actuelle se focalise en fait sur la concentration des pouvoirs dans les mains du président, légitimé par le suffrage universel à l'occasion de l'élection présidentielle, "rencontre entre un homme et un peuple" ainsi que le soulignait le général De Gaulle. Un pouvoir conforté par la concordance récémment instituée des mandats quinquennaux du président et de l'Assemblée nationale, et par l'inversion du calendrier électoral qui soumet dorénavant les législatives au résultat de la présidentielle. Mais ce n'est pas une situation acquise définitivement, puisque la mort anticipée du président ou une dissolution de l'Assemblée peut bouleverser ce bel agenda.

Pour autant, aucun des "grands" candidats ne propose de revenir sur l'élection au suffrage universel du président, clé de voûte des institutions. Ni de supprimer le droit de dissolution, qui reste l'arme absolue du chef de l'Etat, avec ses dangers intrinsèques (la dissolution de 1997!). Si les candidats sont à peu près d'accord pour revaloriser le rôle du parlement, ils annoncent ne vouloir s'attaquer que très modestement aux multiples prérogatives présidentielles.

Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal proposent ainsi de limiter la présidence à deux mandats de cinq ans et de réduire son pouvoir de nomination. De son côté, François Bayrou recommande la suppression de l'article 16 de la Constitution, qui octroie des pouvoirs exceptionnels au chef de l'Etat en cas de crise majeure.

Mais Ségolène Royal a bien indiqué début mars qu'elle entendait "exercer pleinement le pouvoir" présidentiel que lui conférerait son élection. Pour sa part, Nicolas Sarkozy souhaite renforcer plutôt la présidence, tandis que le Premier ministre ne ferait que "coordonner" l'action gouvernementale, alors qu'il la "dirige" aujourd'hui. François Bayrou va même plus loin en souhaitant ouvertement faire passer du gouvernement à l'hôte de l'Elysée la responsabilité de la conduite de la politique de la Nation.

Bref, derrière l'invocation quasi incantatoire d'une VIème république idéalisée, on trouve plus un argument électoral destiné à allécher les mécontents des excès du système actuel qu'une vraie proposition de réforme en profondeur des institutions.

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