La sinistrose se dissipe sur la croissance européenne

Alors que les économistes revoient peu à peu à la hausse leurs anticipations de croissance pour la plupart des économies européennes, la France est en reste. Mais son tour devrait venir, selon CA Chevreux, étant donné les chiffres très satisfaisants de l'investissement, de la consommation, des retours sur fonds propres et du niveau des taux d'intérêt.

"Sous performance drastique de l'Europe", "le Vieux continent qui rame", toutes ces considérations alarmantes n'étonnent même plus. Il semblerait même que l'on s'en accommode. Et pourtant, la situation est-elle si dramatique ? Les économistes de CA Chevreux ne le croient pas, et anticipent des rythmes de croissance annuelle entre 2,5% et 3% jusqu'à 2010, y compris pour la France, contre 2% dans le consensus compilé par la BCE.

Selon eux, le consensus des économistes qui anticipent une croissance française de 2% pour les années à venir, - alors que le PIB croît déjà sur un rythme de 3% depuis janvier - ne va pas tarder à être revu à la hausse, comme il l'est peu à peu chez nos voisins européens, à commencer par l'Allemagne, mais aussi l'Italie, l'Espagne, la Hollande et la Belgique. Alors que la hausse de trois points de la TVA outre-Rhin était redoutée avec la même ampleur que le "bug" de l'an 2000, les économistes sont en train de s'apercevoir de leur excès de pessimisme.

Pourquoi un tel enthousiasme pour la France ? D'abord, les années Chirac, très critiquées, n'ont pas laissé un bilan si noir, bien au contraire. Entre son arrivée au pouvoir et aujourd'hui, le retour sur fond propre des entreprises cotées est passé de 6% à 15%, les taux d'intérêt ont évolué d'un niveau assassin à un niveau très bas. "Enfin, après la restauration des marges des entreprises, leur taux d'investissement, ainsi que celui des ménages, sont passés d'un plus bas historique à un plus haut et la consommation est supérieure à 2% pour sa dixième année consécutive", ajoute François-Xavier Chauchat, économiste chez CA Cheuvreux.

En France, dernier bastion de la sinistrose, il est probable que les révisions à la hausse de la croissance ne s'opèrent qu'après le second tour des élections, en même temps que se redressera la confiance des ménages. Alors que le cycle industriel se reprend depuis le début de l'année (publié ce matin, l'indice qui mesure le moral des industriels a gagné deux points en avril, à 111 points), le déficit commercial devrait reculer grâce à une contribution négative moins forte de la croissance allemande, en pleine embellie.

Deux domaines restent néanmoins à améliorer dans l'Hexagone. "D'une part, le marché du travail devrait évoluer vers la "flexi-sécurité", ce qui prendra du temps, même si les mentalités changent, car les syndicats des pays scandinaves, où ce système a fait ses preuves, n'ont pas une culture marxiste comme en France", explique l'économiste. Par ailleurs, les finances publiques doivent être assainies. Plutôt que de se concentrer sur la croissance, le prochain président aurait donc tout intérêt à s'attaquer à ces deux problèmes majeurs.

Les entreprises restent bien loties
Sur les marchés, les analystes sont également trop prudents dans leurs estimations de bénéfices. "Le prisme économique qu'a un investisseur de l'Europe est essentiellement focalisée sur l'Allemagne, qui a beaucoup déçu ces dernières années, tandis que le risque politique est incarné par la France où le non au référendum sur la constitution a jeté le trouble", explique François-Xavier Chauchat. Mais depuis, les estimations de votes protestataires ont considérablement baissé, d'après les instituts de sondages. Par ailleurs, le redressement de la rentabilité des entreprises entre 2003 et 2006 sera relayé dans les prochaines années par le contexte macroéconomique. Autre point soulevé par CA Chevreux pour expliquer la décorrélation entre les cours des entreprises cotées, leurs performances financières et la croissance économique européenne, on argumente souvent que c'est parce que leurs profits sont réalisés à l'extérieur, en Chine, en Inde, etc... Hors, il n'en n'est rien. 90% des profits de ces entreprises sont réalisés dans les pays développés, et 70% en Europe. "De plus, ce sont les entreprises qui réalisent les profits les plus domestiques qui sont le plus rentables", argumente encore François-Xavier Chauchat.

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