Pour exister, Villepin tape sur Sarkozy

Profitant de la promotion de son livre sur Napoléon, Dominique de Villepin tire à boulets rouges contre son ancien rival, Nicolas Sarkozy. Il critique "l'esprit de cour" entourant le chef de l'Etat, et met en doute la politique de rupture prônée par ce dernier. Mis en examen dans l'affaire Clearstream, l'ancien Premier ministre dénonce une injustice et une affaire politique montée de toutes pièces par Nicolas Sarkozy.

Rentrée remarquée pour Dominique de Villepin. A l'occasion de la publication de son livre sur Napoléon, "Le Soleil noir de la puissance", l'ancien Premier ministre multiplie les attaques virulentes contre Nicolas Sarkozy. Soif de pouvoir du chef de l'Etat, entouré d'un "esprit de cour", critiques de fond contre sa politique...L'ancien bras droit de Jacques Chirac n'y va pas avec le dos de la cuillère. Même le dossier Clearstream, dans lequel il est sous le coup d'une mise en examen, est ressorti du placard des vieilles rancoeurs.

Ainsi, Dominique de Villepin a-t-il tenu à mettre en garde mercredi le Président de la République contre "l'esprit de cour qui galope". "Ce n'est pas quand vous êtes entouré de béni oui-oui, de cires-pompes et de courtisans que vous faites avancer un pays", assène-t-il. "Le pouvoir n'est pas fait pour être consacré, il est fait pour rendre des comptes".

"Je suis dans une majorité, un pays où il n'y a plus d'opposition", continue l'ancien ministre des Affaires Etrangères. De quoi se poser en franc tireur. Et d'affirmer: "Je suis celui qui remplit le rôle de conscience et d'aiguillon d'une majorité qui ne doit pas s'endormir sur ses lauriers."

Un rôle qu'il a d'ailleurs aussitôt commencer à endosser. Invité mercredi soir sur le plateau de Canal +, Dominique de Villepin a exprimé ses doutes sur la politique menée par le chef de l'Etat, s'interrogeant: "Est-ce qui si on se contente d'appliquer toutes les promesses de Nicolas Sarkozy, la France ira mieux? Je ne suis pas sûr". Plus tôt, il avait pris soin de rappeler être l'instigateur du dossier économique du moment: la fusion entre Gaz de France et Suez. Et a rappelé les inquiétudes pesant sur la croissance économique française.

Autre sujet d'hostilités: l'affaire Clearstream. Dominique de Villepin reste en effet "sonné" par sa mise en examen dans le dossier et son audition devant les juges prévue le 13 septembre prochain. Dans une émission télévisée à diffuser vendredi, il laisse entendre que Nicolas Sarkozy a pu "impressionner" la justice en faisant croire à un manipulation politique. "Qui a eu intérêt pendant trois ans à multiplier les fuites de l'instruction pour démontrer que j'étais, au fond, l'homme qui avait fait ça? " questionne-t-il.

Autant d'attaques qui ravissent les partisans de l'ancien Premier ministre, heureux de retrouver le "vrai Villepin" . Du côté des collaborateurs de l'Elysée, on est plus qu'agacé. Et on contre-attaque. Dans le Parisien daté de ce jeudi, la porte parole de l'UMP, Nadine Morano ironise sur "l'esprit de cour" décrit par Dominique de Villepin. "En tenant ce genre de propos, il joue le rôle du bouffon". Moins acerbe, le conseiller Henri Guaino assure que le chef de l'Etat est peu sensible à l'esprit courtisan.

Ces sorties médiatiques, d'autant plus remarquées qu'elles cotoient une opposition atone, semblent sonner l'heure du réveil politique de Dominique de Villepin et peut-être de celle d'un courant "villepiniste" au sein de l'UMP. Mais l'ancien Premier ministre sait que sa renaissance sur le devant de la scène politique est hypothéquée par son combat judiciaire. Reste l'esprit de conservation, cher à son modèle Napoléon...

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