France-Libye : Paris détaille les 10 milliards d'euros de contrats espérés

La Libye s'est notamment engagée à "entrer en négociations exclusives avec la France pour acquérir des équipements" militaires, en particulier des hélicoptères et des avions de combat. Un signe positif pour le Rafale, jamais encore exporté.

Quelque 10 milliards d'euros de contrats signés lundi entre la France et la Libye, au premier jour de la visite de Mouammar Kadhafi ! C'est l'estimation de ce que pourrait à terme rapporter l'ensemble des textes paraphés avec Tripoli, selon un décompte de l'Elysée.

Les commandes confirmées de 21 avions du constructeur européen Airbus - dix long-courriers A350, quatre long-courriers A330 et sept mono-couloirs A320 - au profit des compagnies Libyan Airlines et Afriqiyah, sont pour leur part évaluées par l'Elysée à 2,7 milliards d'euros, au-dessus du prix catalogue de la commande annoncé à environ 2 milliards d'euros (3,2 milliards de dollars).

L'Elysée estime par ailleurs "grossièrement" à environ 2 milliards d'euros le montant de ce que pourrait rapporter à terme l'accord de coopération signé en matière d'énergie nucléaire civile, qui prévoit la fourniture "d'un ou plusieurs réacteurs" pour alimenter une usine de dessalement de l'eau de mer.

Le reste des contrats signés lundi soir, notamment avec le groupe de BTP Vinci, le groupe nucléaire Areva et l'entreprise Veolia, devrait pour sa part rapporter quelque 2 milliards d'euros en plus, selon l'Elysée. Selon Areva, le contrat déjà conclu est d'un montant de 300 millions d'euros pour des systèmes de transmission d'électricité.

Selon l'Elysée, la Libye envisage aussi et surtout d'acheter à la France 14 avions Rafale, ainsi que 35 hélicoptères, dont des Tigre et Fennec, six vedettes rapides, deux patrouilleurs, des batteries d'artillerie et quelque 150 véhicules blindés ou de soutien, pour un montant total de 4,5 milliards d'euros. Ces déclarations viennent confirmer les informations de la Tribune du 5 décembre qui indiquaient que les deux chefs d'Etat, Mouammar Kadhafi et Nicolas Sarkozy, discuteront notamment de l'acquisition par les Forces spéciales libyennes, dirigées par Saadi Kadhafi, de 10 à 14 avions de combat Rafale armés (de Dassault Aviation avec Thales et Safran), notamment de missiles air-air Mica de MBDA.

Un "protocole d'accord", dont la signature a été annoncée lundi, au premier jour de la visite en France de Kadhafi, fixe une liste d'équipements, qui doit "faire l'objet d'une négociation exclusive d'ici au 1er juillet". Outre le Rafale et les hélicoptères, cette liste comprend aussi des radars de défense anti-aérienne et la remise à niveau des Mirage F-1 dont 38 exemplaires avaient été vendus antérieurement à la Libye.

La Libye ne devrait donc pas mettre en concurrence l'avion français Rafale avec ses rivaux russes ou américains avant d'ouvrir les négociations financières en vue d'une commande. Si l'ouverture d'une phase de "négociation exclusive", différente d'un appel d'offres ouvert à tous, constitue "un signe très positif", elle n'assure pas automatiquement la signature d'un contrat.

Pour autant, la prudence reste de mise. Interrogé sur LCI sur le possible achat des Rafale, David Martinon, porte-parole de la présidence de la république, a déclaré: "je ne peux pas le confirmer mais je confirme qu'en matière de coopération d'armement nous souhaitons travailler avec les Libyens", ajoutant qu'il n'était pas en mesure d'entrer dans le détail de "négociations commerciales".

Lors de son dernier échec retentissant, au Maroc cet automne, le Rafale a finalement été écarté au profit du F-16 américain. Pourtant dans un premier temps, à la fin de 2005, le roi Mohammed VI avait fait connaître son intérêt pour l'avion français développé par Dassault avec Thales pour l'électronique et Snecma (groupe Safran) pour les moteurs. Des sources industrielles jugeaient à cette époque cette transaction "imperdable".

Le Rafale attend toujours son premier client après treize ans de campagnes infructueuses. Le président de Dassault Aviation, Charles Edelstenne, a récemment mis l'accent sur la dimension politique de ce type de contrat. "Notre marché, expliquait-il début octobre, ce sont les pays qui ne veulent pas ou ne peuvent pas acheter américain ou qui veulent avoir une double source (...) Il y aura des pays dans lesquelles (cette) définition jouera".

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