Les déboires de Boeing obligent American Airlines à revoir à la baisse son programme de vols long-courriers

En raison des retards de livraisons du Boeing 787, American Airlines est contrainte de modifier son programme de vols jusqu'en 2025. American Airlines étudie également d'éventuels ajustements liés aux retards de livraison affectant cette fois la famille des 737 MAX.
American Airlines a commandé 85 Boeing 737 MAX 10 début mars et compte sur une livraison des premiers exemplaires pour 2028.
American Airlines a commandé 85 Boeing 737 MAX 10 début mars et compte sur une livraison des premiers exemplaires pour 2028. (Crédits : EDUARDO MUNOZ)

Les difficultés de Boeing provoquent de lourdes conséquences opérationnelles, commerciales et financières pour les compagnies aériennes. Ainsi, vendredi, American Airlines a annoncé qu'elle devait chambouler son programme de vols jusqu'en 2025 à cause des retards de livraisons du Boeing 787, un avion long-courrier. La compagnie est obligée de supprimer des vols.

« Nous procédons à ces ajustements maintenant pour nous assurer que nous sommes en mesure de faire les modifications pour les clients des vols affectés », a expliqué à l'AFP la compagnie, soulignant qu'elle s'efforçait de limiter l'impact des retards.

Des liaisons suspendues ou arrêtées prématurément

Dans le détail, American a décidé d'avancer la date de l'arrêt des vols saisonniers sur les lignes New York JFK-Athènes (au 3 septembre) et Philadelphie-Venise (au 5 octobre). Les liaisons Chicago O'Hare-Paris CDG et New York JFK-Barcelone sont suspendues du 3 septembre à l'été 2025. Celles reliant Dallas Fort Worth à Dublin et à Rome Fiumicino s'arrêteront du 26 octobre à l'été 2025. La compagnie a également réduit des fréquences quotidiennes (New York JFK-Rome Fiumicino) et hebdomadaires (Miami-Rio de Janeiro), ou changé le modèle d'avion en exploitation sur certaines lignes. Elle a en revanche accru ses services sur quatre liaisons jusqu'au premier trimestre 2025 : Philadelphie-Barcelone, Miami-Montevideo, New York JFK-Rio de Janeiro et Miami-Sao Paulo.

Lire aussiCommande astronomique d'American Airlines : 450 avions achetés à Airbus, Boeing et Embraer

American Airlines étudie encore d'éventuels ajustements liés aux retards de livraison affectant cette fois la famille des 737 MAX, l'avion moyen-courrier de Boeing, dont la version 900 fait l'objet d'une enquête après qu'une porte d'un avion de ce type d'Alaska Airlines s'est arrachée en plein vol début janvier. Devon May, le directeur financier d'American, a indiqué jeudi à l'occasion des résultats du premier trimestre que la compagnie devrait recevoir 22 avions en 2024, au lieu des 29 prévus, tous constructeurs confondus. Il a assuré que la compagnie allait, malgré tout, augmenter sa capacité sur l'année.

Par ailleurs, le groupe a également relevé, concernant l'exploitation, les « défis au niveau du contrôle aérien » -secteur qui souffre d'un manque de personnel, ce qui affecte le fonctionnement de certains aéroports comme JFK à New York- et des événements climatiques « d'envergure » ayant affecté le fonctionnement de son réseau mondial.

Sur les trois premiers mois de l'année, Boeing n'a livré que 83 avions

Plusieurs compagnies ont déjà modifié leurs plannings de vol pour 2024 à cause des divers retards. En particulier United Airlines et Southwest, qui ont commandé des 737 MAX 10 dont les livraisons devaient commencer en 2023, mais l'avion n'a toujours pas reçu sa certification. Robert Isom, patron d'American Airlines qui en a commandé 85 début mars, compte sur ses premiers exemplaires pour 2028. Ryanair s'attend dorénavant à recevoir livraison de 40 ou 45 appareils pour l'été au lieu de 50 escomptés.

A la suite de l'annonce d'American Airlines, Boeing a rappelé les propos de son directeur financier Brian West le 20 mars : « Nous sommes en communication très transparente et régulière (avec les compagnies aériennes) et elles savent précisément où nous en sommes et les progrès que nous effectuons. A court terme, le ralentissement nous affecte et les affecte et nous communiquons avec elles afin d'avancer. »

Au premier trimestre, le chiffre d'affaires de Boeing a atteint 16,57 milliards de dollars (-7,5% sur un an). La perte nette ressort à 343 millions de dollars, contre une perte nette de 414 millions un an plus tôt. Les analystes du consensus de FactSet avaient prévu une perte bien plus importante, à 709 millions. « Les résultats financiers reflètent des livraisons inférieures de 737 et les conséquences du maintien au sol du 737-9 », a indiqué mercredi dernier Boeing, en référence à l'incident survenu le 5 janvier sur un avion d'Alaska Airlines qui a perdu en vol une porte-bouchon.

Sur les trois premiers mois de l'année, l'avionneur n'a livré que 83 avions, contre 130 un an plus tôt. Il n'a donc encaissé que 4,65 milliards de dollars (-31%).

Airbus engagé dans une forte remontée en cadence de sa production

Du côté du concurrent Airbus, les nuages se dissipent. Son bénéfice net a grimpé de 28% au premier trimestre 2024, à 595 millions d'euros, reflétant l'augmentation de la livraison d'avions par l'avionneur, engagé dans une forte remontée en cadence de sa production.

Entre janvier et mars, le groupe a livré 142 avions commerciaux, contre 127 sur la même période de 2023, et dégagé un chiffre d'affaires de 12,8 milliards d'euros, en hausse de 9%, selon un communiqué publié jeudi. Ces résultats ont été obtenus « dans un contexte opérationnel ne présentant aucun signe d'amélioration. Les tensions persistent sur la scène géopolitique et dans la chaîne d'approvisionnement », affirme son président exécutif Guillaume Faury, cité dans le communiqué.

Airbus prévoit de livrer 800 avions commerciaux cette année, contre 735 l'an passé, et encore loin des 863 livrés à ses clients en 2019, avant la survenue du Covid. Pour autant, l'avionneur table sur la production mensuelle de 75 avions de la famille A320 en 2026. Il en a livré 48 par mois en moyenne l'an passé.

Il compte également passer à 14 monocouloirs A220 par mois en 2026 et de 3 à 4 long-courriers A330 cette année. Signe de la confiance d'Airbus dans le redécollage du marché des avions gros porteurs, déjà en perte de vitesse avant le Covid et foudroyé par la pandémie, le groupe  a annoncé jeudi son ambition de produire 12 A350 par mois en 2028, quand il prévoyait jusqu'ici d'en fabriquer 10 à l'horizon 2026.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 29/04/2024 à 7:54
Signaler
Vu le scandale phénoménal, on parle de matériel de mauvaise qualité pour équiper des avions de lignes quand même hein, BOEING devrait d'abord et avant tout voir ses commandes chuter. Là ce n'est que leur profond obscurantisme qu'ils payent directemen...

le 29/04/2024 à 8:27
Signaler
"Vu le scandale phénoménal, on parle de matériel de mauvaise qualité pour équiper des avions de lignes quand même hein" A mettre d'ailleurs en perspective avec les cuves de combustible nucléaire défectueuses qui allaient être installées sur nos centr...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.