La défense avait demandé aux jurés de "ne pas faire un exemple", l'avocat général a requis la perpétuité en estimant que l'état dépressif de l'accusé ne pouvait justifier ce double meurtre "impardonnable". Le jury a tranché et condamné Claude Duviau à trente ans de prison pour homicides involontaires sur personnes chargées d'une mission de service public.

En 2004, cet agriculteur de Saussignac, près de Bergerac en Dordogne, est contrôlé par Daniel Buffière et Sylvie Trémouille, deux inspecteurs du travail. Lorsqu'ils se présentent devant l'homme, celui-ci part chercher son fusil et les tue presque à bout portant.

Face au jury, son avocat a présenté un homme malade, profondément dépressif et suicidaire, qui avait très mal vécu une précédente inspection, deux ans auparavant, où il avait été condamné, injustement selon lui, à une amende pour emploi d'un travailleur illégal.

Le rôle de la profession des victimes a tenu une grande place lors des débats. Loin de l'image de "shérifs" qui leur est parfois accolée, l'inspection du travail a tenu à présenter ses contrôleurs comme exerçant un rôle de conseil plus que de répression. "L'objectif n'est pas de constater les infractions mais d'appuyer la profession agricole", a insisté Dominique Sorain, ancien directeur départemental du ministère de l'Agriculture de Dordogne.

Ce procès a suscité une vive émotion chez les inspecteurs du travail. Mercredi dernier, ils étaient 400 réunis devant le palais de justice de Périgueux pour demander "aux parlementaires et au pouvoir exécutif de soutenir publiquement et de relégitimer les agents dans leur mission de contrôle". Ils voient dans ce drame un fait révélateur du climat d'hostilité croissante auquel ils seraient confrontés lors des contrôles.